26.9.10

Une histoire filmi de l'Inde...

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... ou ce qui se passe lorsque l'on ingère trop vite un gros bouquin d'histoire.


Je suis actuellement en train de lutter pour assimiler les bases de l'histoire du sous-continent indien, du néolithique à l'indépendance (avant d'attaquer l'histoire de l'Inde, du Pakistan puis du Bangladesh indépendants). Travail fastidieux, et qui serait presque impossible sans l'aide des quelques films historiques précis et d'une grande objectivité que nous ont offerts des réalisateurs soucieux de faciliter la tâche des étudiants accablés par la complexité de cette histoire.

Si la valeur historique de ces films est sujette à caution, ils permettent cependant de repérer quelques figures historiques assez populaires pour qu'on décide de leur consacrer un film.

Si le roi Ashoka est célébré comme un roi juste et tolérant, soucieux de promouvoir, après sa conversion au bouddhisme, le dialogue entre les cultures, il n'est quasiment pas fait mention de ces éléments dans le film de Santosh Sivan, qui se concentre sur la période antérieure, au cours de laquelle le futur monarque éclairé élimine ses frères et mène des guerres sanglantes pour assurer sa suprématie. La révolte du Kalinga a bien eu lieu, et sa répression féroce a sans doute contribué au changement d'orientation de la politique du roi, en revanche, on me souffle que l'histoire d'amour du prince déguisé en simple soldat et de la princesse exilée ne serait pas attestée. Désolée Kareena !

Là, ma collection d'aide-mémoires cinématographiques présente une assez vaste lacune : plus rien jusqu'en 1542, dix-huit siècles plus tard. Autant dire que j'ai ramé pour apprendre ce qui se passe entre le règne Ashoka et celui de Jalaluddin Mohammed Akbar. Et que j'ai été une fois de plus terriblement déçue de découvrir que la princesse Rajput Jodha n'avait pas l'honneur de figurer dans mon manuel. C'est pourtant sous son influence que Akbar a développé la politique de tolérance et d'ouverture aux hindous qui l'a rendu célèbre. M'enfin, puisque Ashutosh Gowariker le dit ! L'amour comme moteur de la politique, une thèse plus filmi qu'historique ?



En tout cas que le faste imposé par Akbar en sa cour est, sinon fidèlement, du moins magnifiquement rendu par le splendide Jodhaa-Akbar.

Je n'ai rien trouvé non plus dans mon livre sur le plus beau des princes Rajputs, Rajkumar Sujamal.



Quelle ne fut pas ma tristesse d'apprendre également que "le prince Salim, qui s'est pourtant rebellé contre son père, revient en grâce et finit par lui succéder."


Et c'est tout ? Et Anarkali, elle est où, Anarkali ? Si elle a existé, en tout cas elle n'a pas été jugée assez importante pour figurer dans ce manuel très contestable, qui ne dit pas un mot de plus sur la vie de Salim avant qu'il ne devienne Jehangir, le successeur d'Akbar.


Les vrais Anarkali, Salim et Akbar

On arrive désormais à l'époque du Raj britannique, heureusement secoué par quelques révoltes qui offrent des sujets en or aux cinéastes indiens. Nouvelle lacune du manuel concernant la célèbre révolte de Bhuvan, fondateur du cricket indien.

Mais impossible de ne pas être incollable sur la révolte des Cipayes après avoir vu Mangal Pandey : the Rising. Quant au royaume d'Oudh, annexé en 1856, et d'où viennent la plupart de ces cipayes, et à son fragile et raffiné dernier nawab, Les Joueurs d'Echecs leur a assuré une célébrité cinématographique, bien que le regard de Satyajit Ray soit autant (sinon plus) satirique qu'historique, et que ses deux héros passent complétement à côté de l'Histoire (c'est justement le sujet du film).




Entrainons-nous donc à répondre aux questions de l'examinateur :

- Bonjour Mademoiselle. Pour commencer, pourriez-vous me parler de l'évolution philosophique et politique du roi Ashoka ?
-Oui, euh, alors, ben d'abord il était assez méchant, il a tué son frère, et puis ensuite il s'est coupé les cheveux, et plus tard il a trucidé son ex sur un champ de bataille, et comme en fait il l'aimait encore, ben il est devenu bouddhiste et gentil.

-....bien... voyons voir, pourriez vous me citer quelques empereurs Moghols et me parler de cette période ?
- Bien sûr, alors d'abord il y a Akbar, selon les historiens c'est soit un homme ouvert d'esprit et très amoureux de sa femme, soit un vieillard autoritaire qui pourrit la vie de son fils Salim (qui, soit dit en passant, faisait encore sa crise d'adolescence à plus de 35 ans, mais ça c'est peut-être parce qu'il ressemblait tant à Devdas). Et puis ensuite il y a Salim.
Il y a eu des conflits avec d'autres rois indiens, par exemple contre le Marathe Shivaji "Chhatrapati", connu pour avoir inspiré Prabhas.*

- et les royaumes qui ont succédé à l'empire moghol ?

-Il y a le royaume d'Oudh, à la fin il était dirigé par Gabbar Singh, mais plus jeune.**

-Merci Mademoiselle, ce sera tout.


* La preuve : http://youtu.be/sL7MumpVWJU

** en fait Les Joueurs d'Echec est sorti deux ans après Sholay. Il n'empêche qu'Amjad Khan fait beaucoup plus jeune dans le film de Ray.

12.9.10

Madhuri Dixit

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Madhuri Dixit (माधुरी दीक्षित) est une des actrices les plus importante du cinéma hindi de la fin du 20ème siècle. Née a Bombay en 1967, elle fait des études pour devenir microbiologiste, tout en pratiquant le kathak, une danse classique du nord de l’Inde. Mais bien loin de cet art classique, ce sont ses danses sexy dans les films Tezaab (1988) et Khalnayak (avec le célèbre numéro « Choli ke peeche kya hai » « Qu’y a-t-il sous ma blouse » ?) qui l’ont fait connaître.


Après une période de moindre succès, elle triomphe dans Hum Aapke Hain Kaun, immense succès de 1994 très révélateur du cinéma de l’époque : ce film de près de quatre heures tourne autour du mariage du frère ainé du héros et de l’amour qui naît à cette occasion entre celui-ci et la sœur de la mariée, interprétée par Madhuri. Valeurs familiales et bons sentiments triomphent et il n'y a pas moins de 14 chansons !

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A des kilomètres de ce film, elle joue un certains nombre de rôles dramatiques, de femme victime du machisme ambiant dans Lajja, ou de victime vengeresse d’un homme qui a détruit sa famille dans Anjaam . A l’apogée de sa carrière, elle épouse un chirurgien vivant aux Etats-Unis. C’est plus ou moins un suicide professionnel, car les producteurs rechignent à faire jouer des actrices mariées, persuadés que le public masculin ne viendra pas s’il ne peut rêver d’épouser l’actrice (sans parler du fait qu’il est encore assez mal vu pour une femme mariée d’exercer ce métier).


Enceinte, elle tourne cependant encore en 2002 dans Devdas, de Sanjay Leela Bhansali, le film qui la fait connaître à l’étranger. Son personnage, la courtisane Chandramukhi, y recueille Devdas, le héros, qui se meurt d’amour pour une autre femme. C’est le plus beau rôle du film, qui contient par ailleurs quelques superbes chorégraphies.


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dans Devdas


Puis Madhuri, que l’on surnommait la reine de Bollywood, disparaît. Elle part en Amérique et se consacre à ses deux fils. Bien qu’absente, elle est toujours très populaire : son élégance, son naturel posé se font regretter. Mais en 2007, stupeur : Madhuri revient ! A l’âge où la plupart des actrices indiennes sont malheureusement limitées aux rôles de mères des héros (joués par des acteurs qui ont souvent leur âge !), elle tient le premier rôle dans Aaja Nachle , dans lequel son personnage se démène pour sauver le théâtre de sa ville. Autre fait très rare, elle est la principale star de ce film dont les rôles masculins sont réduits : peu de producteurs osent ainsi parier sur la popularité d’une actrice. Malheureusement le film, pourtant honnête, ne marche pas bien. Et Madhuri est repartie, on espère temporairement, aux Etats-Unis.



Madhuri en action :

"Maar Dala", de Devdas :




Saanson ki maala pe film Koyla (notons au passage que la musique est "empruntée" au grand Nusrat Fateh Ali Khan)




"Main Kolahpur se aayi hoon" (Anjaam)





Madhuri, le retour : Aaja Nachle