15.7.20

Lamhe (1991)

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c'est juste le titre, mais je trouve ça beau

Aujourd'hui on parle de Lamhe, film de Yash Chopra, le roi des films d'amour, avec Anil Kapoor, Sridevi, encore Sridevi, Waheeda Rehman et Anupam Kher.

Viren, né en Angleterre, visite pour la première fois la terre de ses parents, accompagné de sa nourrice qui est comme une mère pour lui. Il tombe amoureux de Pallavi (Sridevi), qui danse sous la pluie.


Les superbes chorégraphies de Saroj Khan, récemment décédée

Mais Pallavi aime Siddharth. Viren les aide généreusement à se marier dans les meilleures conditions. Pallavi et Siddharth meurent le jour de la naissance de leur fille Pooja. Viren confie le bébé à sa nourrice et veille de loin à ce qu'elle ne manque de rien. Chaque année, il retourne en Inde pour l'anniversaire de la mort de Pallavi, et laisse un cadeau d'anniversaire à Pooja, sans jamais vouloir la rencontrer. A 18 ans, Pooja (Sridevi), devenue le portrait craché de sa mère, rencontre enfin son ange gardien sur qui elle a fantasmé  toutes ces années. C'est là que les problèmes commencent.


Pallavi et Siddharth. Il n'y a pas à dire, Yash Chopra sait filmer les scènes romantiques

Le premier quart d'heure insiste assez lourdement sur les valeurs des Rajputs et l'attachement à la terre du Rajasthan que Viren devrait ressentir. On peut penser que le film va tourner autour de la crise d'identité d'un NRI. Mais cette piste est vite oubliée, et sert surtout à montrer de beaux décors magnifiquement filmés, accompagnés de nombreuses et belles chorégraphies de Saroj Khan, récemment décédée.



C'est une très belle première partie. Visuellement, bien sûr (les costumes de Sridevi...), mais aussi parce que le personnage masculin accepte que son amour ne soit pas réciproque et ne harcèle pas sa bien-aimée, comme c'est si souvent le cas

La deuxième partie n'est pas aussi bonne malheureusement. Déjà parce qu'on nous impose un second rôle comique, Prem, joué par Anupam Kher (et ça fait bizarre de le voir jouer un personnage de l'âge du héros, lui qui a si souvent joué les pères). Malheureusement, le comique indien des années 1990s, ce n'est pas trop ma tasse de thé.

L'humour. 

Adieu aussi les beaux costumes, Pooja s'habille à l'occidentale (et à la mode de 1991... brrrr). Au début de cette seconde partie, pour mettre de bonne humeur Viren, Prem et Pooja interprètent de vieilles chansons hindi. C'est plaisant cinq minutes, mais la séquence s'éternise, et heureusement que Waheeda Rehman finit par reprendre "aaj phir jeene ki tamanna hai" (la fan girl que je suis est émue aux larmes) et évite ainsi que le spectateur ne s'endorme.

Une bonne nouvelle quand même : Viren prend l'attirance enfantine de Sridevi pour ce qu'elle est : une sorte de complexe d’œdipe inversé (attirance d'une petite fille pour une figure paternelle). Par ailleurs, il est toujours amoureux de Pallavi et n'a pas de place dans son cœur pour Pooja. La différence d'âge est soulignée (Anil a les cheveux grisonnant, Sridevi s'habille et se coiffe comme une gamine, met du rouge à lèvre rose bonbon, dort avec ses peluches). Bref, Viren et le spectateur sont tous les deux aussi gênés par les sentiments de Pooja. A cet égard, la fin tombe malheureusement comme un cheveux sur la soupe. Un cheveu qui met mal à l'aise en plus.



Pooja

Bref une deuxième partie moins dynamique, moins belle aussi, mais qui permet quand même à Anil Kapoor de montrer ses qualités d'acteurs. Au final, un film inégal, sauvé par une mise en scène splendide et une très bonne première partie.























3.7.20

Bulbbul (2020)

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Bengale, fin du 19e siècle. Une enfant, Bulbbul, est mariée à un adulte qui n'hésite pas à consommer le mariage sans attendre. Elle se lie d'amitié avec son jeune beau-frère, Satya, du même âge qu'elle, qui lui raconte des histoires de sorcières. Son mari a un jumeau, son cadet de peu, et la vie familiale est compliquée par la rivalité entre l'épouse plus âgée mais mariée à un homme légèrement plus jeune et Bulbbul, beaucoup plus jeune mais "BaDi Bahu", "première belle-fille", rôle éminent dans la maisonnée.

20 ans plus tard. De retour de Londres, Satya est surpris de voir le maître de maison absent, et son rôle assuré avec confiance par Bulbbul, qui prend des libertés inattendues. Dans le même temps, les morts violentes se multiplient, et les villageois accusent la sorcière.

C'est globalement un "Rape and Revenge" déguisé en film d'épouvante. Pas vraiment mon genre de films préféré. Mais ça se passe au Bengale, et j'aime bien les films qui se passent au Bengale, les superbes saris, les paysages...

Le scénario de ce court film (1h30) est pourtant plutôt bien construit avec ses flashback successifs sur la vie de Bulbbul, et les scènes de violence ne sont heureusement pas trop racoleuses. Peut-être parce que c'est une réalisatrice, Anvita Dutt, qui a fait ce film. Trois petits problèmes quand même : j'ai trouvée l'actrice principale, Tripti Dimri, ne jouait pas très juste.

Bulbbul
 
C'est dommage car le film est centré sur elle. Les effets spéciaux quand apparaît la sorcière sont au bord du ridicule (sauf quelques rares plans réussis) et cassent un peu l'effet d'épouvante. Enfin, il aurait fallu confisquer le filtre sépia dont Anvita Dutt abuse largement.



Du côté des acteurs masculins, Rahul Bose, seul nom que je connaissais, est bon, comme toujours. La révélation (à mes yeux), c'est Avinash Tiwary, qui joue Satya. Cela peut sembler un peu étrange, mais comme le film ne me passionnait pas vraiment (on devine en quelques instants qui est l'assassin), je me suis mise à l'imaginer en Heathcliff dans une adaptation indienne des Hauts de Hurlevent. Il serait parfait. Ce n'est pas le même genre de rôle mais je trouve qu'il a le visage idéal pour jouer le ténébreux anti-héros du roman.

Satya

Sur le plan culturel, j'ai appris quelques petites choses : que la bague d'orteil, par exemple, servait à contrôler la puissance latente des femmes en enfermant un nerf particulier. Et il se confirme que les cheveux détachées d'une femme sont la marque d'un pouvoir non contrôlé, et donc dangereux.


La sorcière

Bref, c'est pas franchement génial, mais ça change de voir de nouveaux visages et une histoire plutôt originale.