Il y a eu pas mal de sorties ces derniers temps de films montrant à quel point la situation est compliquée pour les femmes en Inde. Si j'étais cynique, et sans nier la réalité de cette situation, je dirais que cela se vend bien en Europe, tant cela correspond à l'image que l'on peut avoir de l'Inde.
La Saison des Femmes (Parched) est un franc succès. Situé dans un village de l'ouest de l'Inde, il montre le quotidien de femmes normales qui décident de ne plus se laisser malmener. L'épouse sans enfant, la veuve qui se démène seule, la jeune fille victime d'un mariage forcé, la danseuse érotique.. des types assez clichés qui vont devenir bien plus face à la violence des situations, et prendre leur destin en main.
Ce qui frappe dans Parched, c'est l'ancrage très local : Leena Yadav, la réalisatrice, a sillonné le Kutch pour récolter des informations : costumes, boucles d'oreilles et dialectes en portent la marque.
Compte-coup : elle décrit un régime matrimonial très minoritaire en Inde, dans lequel c'est le l'homme qui paye pour se marier : la famille de la femme ne donne pas de dot. Une des plus grandes oppressions qui pèsent aujourd'hui sur les femmes indiennes n'est donc pas abordée.
L'autre point marquant est la complexité de ces personnages de femmes qui évoluent au cours du film, à l'image de Rani, qui commence par reproduire pour sa belle-fille le mariage forcé dont elle a été victime, avant de se rebeller.
Un film violent, mais dont l'énergie cathartique fait du bien, porté par d'excellentes actrices (Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla et la toute jeune Lehar Khan).
Angry Indian Goddesses... c'est une autre paire de manches. Toujours bon de rappeler les violences subies par les femmes, et l'inaction de la police, mais on n'est pas obligé de le faire à travers un mauvais film. Un groupe d'amies se réunit dans la grande maison de bord de mer de l'une d'entre elle pour son mariage. Elles sont photographe, chanteuse, actrice, femme d'affaires, militante médiatique, femme d'un riche mari...bref, extrêmement représentatives d'une Inde de magasine, et jouées, hélas, par des actrices pas tout à fait au point. Heureusement pour la représentativité sociale, il y a la domestique, issue d'un milieu plus modeste. Son inclusion dans l'histoire est d'ailleurs assez maladroitement menée, et son propre drame ne semble pas avoir trop de rapport avec le sujet du film.
Lors d'une séquence pré-générique très réussie, on voit tout ce petit monde remettre à leur place des hommes qui les harcèlent. C'est dur, cela fait rire nerveusement, c'est cathartique.
Le reste n'est malheureusement pas du tout de ce niveau. Une bonne moitié du film se fonde sur les dialogues en huis-clos de ce petit groupe, qui expliquent longuement ce qui ne va pas dans leur vie (et il y en a des choses, la condition féminine n'a pas changé entre les deux films). Mais on se pose parfois des questions sur la qualité de tous ces dialogues : l'une des femmes explique quand même qui est la déesse dont elle a une peinture. Qui n'est autre que la déesse la plus connue d'Inde, Durga. Je veux bien qu'un des personnages ait grandi en Angleterre et puisse ne pas tout savoir, mais quand même... on sent le film fait pour un public de festivals en Occident. A l'inverse, La Saison des Femmes abordait naturellement des sujets qui font débat en Inde sans être forcément connus en Europe, comme le racisme dont sont victimes les femmes des États du Nord-Est. D'une manière générale le titre d'Angry Indian Goddesses ne tient pas toutes ses promesses, et la thématique religieuse annoncée est peu présente. C'est finalement dans la Saison des Femmes, lors de la fête de Dusshera, que le potentiel dramatique et cathartique de la religion est le mieux exploité.
La première partie est longuement explicative, et incroyablement naïve dans son approche des problèmes sociaux : la femme d'affaire annule le projet minier controversé de sa société... en guise de cadeau de mariage à son amie ! Et la marmotte...
Et quand survient l'évènement horrible qui met vraiment en colère le groupe d'amies... on plonge dans l'énorme et invraisemblable mélo, avec intervention des policiers et d'une fanfare en plein enterrement.
J'ajoute que c'est filmé avec les pieds ?
La Saison des Femmes (Parched) est un franc succès. Situé dans un village de l'ouest de l'Inde, il montre le quotidien de femmes normales qui décident de ne plus se laisser malmener. L'épouse sans enfant, la veuve qui se démène seule, la jeune fille victime d'un mariage forcé, la danseuse érotique.. des types assez clichés qui vont devenir bien plus face à la violence des situations, et prendre leur destin en main.
Ce qui frappe dans Parched, c'est l'ancrage très local : Leena Yadav, la réalisatrice, a sillonné le Kutch pour récolter des informations : costumes, boucles d'oreilles et dialectes en portent la marque.
Compte-coup : elle décrit un régime matrimonial très minoritaire en Inde, dans lequel c'est le l'homme qui paye pour se marier : la famille de la femme ne donne pas de dot. Une des plus grandes oppressions qui pèsent aujourd'hui sur les femmes indiennes n'est donc pas abordée.
L'autre point marquant est la complexité de ces personnages de femmes qui évoluent au cours du film, à l'image de Rani, qui commence par reproduire pour sa belle-fille le mariage forcé dont elle a été victime, avant de se rebeller.
Un film violent, mais dont l'énergie cathartique fait du bien, porté par d'excellentes actrices (Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla et la toute jeune Lehar Khan).
Angry Indian Goddesses... c'est une autre paire de manches. Toujours bon de rappeler les violences subies par les femmes, et l'inaction de la police, mais on n'est pas obligé de le faire à travers un mauvais film. Un groupe d'amies se réunit dans la grande maison de bord de mer de l'une d'entre elle pour son mariage. Elles sont photographe, chanteuse, actrice, femme d'affaires, militante médiatique, femme d'un riche mari...bref, extrêmement représentatives d'une Inde de magasine, et jouées, hélas, par des actrices pas tout à fait au point. Heureusement pour la représentativité sociale, il y a la domestique, issue d'un milieu plus modeste. Son inclusion dans l'histoire est d'ailleurs assez maladroitement menée, et son propre drame ne semble pas avoir trop de rapport avec le sujet du film.
Lors d'une séquence pré-générique très réussie, on voit tout ce petit monde remettre à leur place des hommes qui les harcèlent. C'est dur, cela fait rire nerveusement, c'est cathartique.
Le reste n'est malheureusement pas du tout de ce niveau. Une bonne moitié du film se fonde sur les dialogues en huis-clos de ce petit groupe, qui expliquent longuement ce qui ne va pas dans leur vie (et il y en a des choses, la condition féminine n'a pas changé entre les deux films). Mais on se pose parfois des questions sur la qualité de tous ces dialogues : l'une des femmes explique quand même qui est la déesse dont elle a une peinture. Qui n'est autre que la déesse la plus connue d'Inde, Durga. Je veux bien qu'un des personnages ait grandi en Angleterre et puisse ne pas tout savoir, mais quand même... on sent le film fait pour un public de festivals en Occident. A l'inverse, La Saison des Femmes abordait naturellement des sujets qui font débat en Inde sans être forcément connus en Europe, comme le racisme dont sont victimes les femmes des États du Nord-Est. D'une manière générale le titre d'Angry Indian Goddesses ne tient pas toutes ses promesses, et la thématique religieuse annoncée est peu présente. C'est finalement dans la Saison des Femmes, lors de la fête de Dusshera, que le potentiel dramatique et cathartique de la religion est le mieux exploité.
La première partie est longuement explicative, et incroyablement naïve dans son approche des problèmes sociaux : la femme d'affaire annule le projet minier controversé de sa société... en guise de cadeau de mariage à son amie ! Et la marmotte...
Et quand survient l'évènement horrible qui met vraiment en colère le groupe d'amies... on plonge dans l'énorme et invraisemblable mélo, avec intervention des policiers et d'une fanfare en plein enterrement.
J'ajoute que c'est filmé avec les pieds ?
2 commentaires:
Bonsoir
Tu ne postes plus sur Dvdclassik?
Bonsoir,
Plus depuis quelque temps. Il faut dire que j'ai de moins en moins le temps d'écrire, que ce soit ici ou ailleurs.
M'y remettre fait partie de mes prochaines bonnes résolutions.
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