5.5.20

Waheeda Rehman (1937 - )

D'avril 2013 à la fin de 2019, j'ai dû voir en tout 5 ou 6 films indiens. Autant dire que je ne suis pas très au courant des potins actuels et de la vie des nouvelles stars de Bollywood (ni de Kollywood). En fait je me demande si j'ai vu autre chose que Baahubali, Vikram Vedha (très bons) Raees (bon) et les films de Bhansali (mauvais) pendant tout ce temps. Je me rattrape de mon mieux pendant le confinement.

Mais puisque je suis maintenant une vieille de 34 ans et que c'était mieux avant, je vais parler de ce que je connais : les acteurs et actrices d'autrefois.


Waheeda Rehman
(वहीदा रहमान) 



naît en 1937 dans une famille musulmane de Hyderabad, dans le Sud de l’Inde. Son père, magistrat, meurt quand elle a douze ans. Des problèmes de santé l’empêchent de suivre une scolarité normale. En compagnie de sa sœur, elle apprend le bharatanatyam : le talent que montrent ces deux jeunes musulmanes dans leur pratique de cette danse sacrée hindoue fait sensation.

Elle apparaît d’abord comme danseuse dans deux films de son État, tournés en télougou, une langue qui n’a rien à voir avec le hindi. C’est dans un de ces films qu’elle est remarquée par le réalisateur de Bombay Guru Dutt. Apprenant que comme beaucoup de musulmans de Hyderabad elle parle l’ourdou, une langue extrêmement proche du hindi, il lui propose un rôle dans le prochain film qu’il produit, C.I.D (1956).                                  

Puis vient Pyaasa (1957), le plus gros succès de Guru Dutt, où elle interprète une prostituée qui seule reconnaît la valeur du poète joué par Guru Dutt. Son métier y est dépeint avec un certain réalisme, et le film évite tout discours moralisateur. A cet égard la fin (que ne révèlerai pas) est d’une audace incroyable, et on peine à imaginer un scénario similaire même des dizaines d’années plus tard.





Deuxième film, et deuxième rôle de prostituée : pendant toute sa carrière, elle se verra plus souvent que la moyenne confier des rôles ambigus : courtisanes, vamp, voire simplement femme indépendante dans un pays (et à une époque) où ce n’est pas toujours bien vu, et où la plupart des héroïnes de film sont alors d’une passivité désespérante. Elle est célèbre aussi bien pour son sourire enjôleur que pour les regards sévères qu’elle sait lancer.


Ce sont ses films avec Guru Dutt qui ont fait son succès. Elle a été sa muse, et a entretenu avec lui (qui était marié à la chanteuse Geeta Dutt) une liaison qui est entrée dans la légende. Mais cette relation se termine dans la douleur, pour des raisons personnelles autant que professionnelle. Ce sont ces films, dans lesquelles l’admiration du réalisateur pour son actrice se fait sentir à chaque plan, qui lui ont offert ses rôles les plus intéressants.

j'avoue, j'ai cette photo au-dessus de mon bureau
Dans Chaudhvin ka chand, Guru Dutt, qui joue son époux, lui chante ces paroles devenues célèbres : « Chaudhvin ka chaand ho, ya aaftaab ho, jo bhi ho tum Khuda ki qasam, laajawaab ho » (« que tu sois la pleine lune ou le soleil, quoi que tu sois, je le jure, tu es incomparable »). Dans Sahib Bibi Aur Ghulam elle vole presque la vedette à Meena Kumari dans un second rôle de jeune femme enjouée mais au fort caractère.

Autre beau rôle : la danseuse Rosie dans le passionnant Guide de Vijay Anand (1965). Personnage  ambigu de danseuse qui cherche à faire carrière au dépends de sa vie de couple, et victime du discours toujours subrepticement moralisateur du réalisateur, mais très belle interprétation, et de magnifiques danses. Elle y est une jeune femme qui quitte son mari tyrannique avec l’aide d’un guide touristique qui va lui permettre de se consacrer à son art.



On la voit également chez Sayajit Ray en 1962, dans Abhijan, dans un petit rôle.

A 34 ans, elle se marie avec l’acteur Kamaljeet, avec qui elle aura deux fils, tous les deux écrivains, Sohail Rekhi et Kashvi Rekhi. En 1973, elle accepte de jouer la Mère de Jaya Bhaduri (qui a à peine 11 ans de moins qu'elle) dans Phagun. Non seulement le film est un échec, mais à 46 ans, elle ne se voit plus proposer que des rôles de mères. Sa carrière se poursuit néanmoins jusqu'en 1994, puis, après une pause de 8 ans, reprend doucement en 2002. On la voit notamment dans un beau petit rôle dans Rang de Basanti.

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