3.9.06

Veer-Zaara (2004)



Vous allez vite vous en rendre compte, j'ai du mal à parler objectivement de ce film qui malgré quelques défauts m'a vraiment beaucoup plu.

Une jeune avocate (Rani Mukherjee) du Conseil pakistanais des droits de l'Homme s'intéresse au cas d'un prisonnier indien, convaincu d'espionnage il y a 20 ans et détenu depuis lors à Lahore. Veer Pratap Singh (Shah Rukh Khan), qui n'avait plus dit un mot depuis son incarcération, accepte de confier son histoire à la jeune femme. Le long flash-back qui s'en suit constitue le coeur du film.



Veer, secouriste en montagne, sauve la vie de la jeune Pakistanaise Zaara (Preity Zinta) partie immerger en Inde les cendres de sa nourrice hindoue, et, séduit par le fort caractère de la belle, l'invite à venir célébrer la fête de Lodi dans sa famille.


Zaara laisse se développer l'amour de Veer sans lui dire qu'elle doit épouser le fils d'un allié politique de son père dès son retour au Pakistan. Lorsque l'Indien l'apprend enfin, Zaara comprend à quel point celui-ci est amoureux d'elle. Séparée de lui, elle tombe alors à son tour amoureuse de cet homme capable de ressentir pour elle un amour si grand, au point qu'une de ses servantes, ne supportant plus de la voir malheureuse, prend l'initiative de contacter Veer.

Yash Chopra exploite au maximum tout ce que cette histoire pouvait offrir de larmes, de retrouvailles émouvantes et de séparations déchirantes. Mais même si ces ficelles sont un peu grosses, l'émotion est bien là, porté par une musique d'une tristesse infinie (magnifiques chansons "Do pal" et "Main Yahaan Hoon" illustré par quelques superbes mouvements de caméra, voir par exemple le passage où Zaara est assise à son balcon en robe jaune - c'est quoi, d'ailleurs ? Une espèce de zoom doublée d'un panoramique ?).




Le personnage de Zaara est très convaincant. Preity Zinta interprète (avec beaucoup plus de subtilité que ne le laisse présager sa première apparition à l'écran) une jeune femme courageuse et déterminée, consciente que son mariage, qu'elle ne songe pourtant pas à refuser, mettra fin à son indépendance, et bien décidée à profiter le plus possible des derniers instants de liberté qui lui reste.

l'animation vient de http://www.srk4ever.de/

C'est ce qui la conduit à se laisser entraîner par l'enthousiaste Veer à la découverte d'une Inde colorée et joyeuse, et lui fait oublier, plus ou moins consciemment, de l'avertir de son mariage imminent. Au passage, on comprend que malgré son message de réconciliation le film ait reçu un accueil plus que réservé au Pakistan : il suffit de comparer la description de l'Inde et des Indiens avec celle faite du pays voisin...

Le retour à la réalité est brutal, y compris pour le spectateur qui connaît pourtant la situation de Zaara depuis le début. La jeune femme, accompagné par Veer, est accueillie à la gare par son fiancé tout de noir vêtu, dans une des meilleure séquences du film. Zaara prend soudain conscience que ce qu'elle ne pensait être qu'une petite omission va être lourd de conséquences et le chant élégiaque Do Pal traduit très bien le désarroi et la tristesse des deux amants. En outre, lorsque Veer déclare sa flamme à Zaara, en présence du fiancé pakistanais de plus en plus menaçant, la scène est, fait exceptionnel, dénuée de toute mièvrerie (merci Shahrukh, jamais meilleur que dans ce genre de scènes).

Veer et Zaara ne se voient en tout que quelques jours, et sont bien conscients du contraste tragique entre le peu de moments passés ensemble ("Pour deux instants seulement l'histoire de nos coeurs a pris vie", dit l'une des chansons), le peu de faits concrets, de souvenirs communs sur lesquels s'appuie leur amour et l'intensité, la violence presque mythique de celui-ci (le film à pour sous-titre a love legend, et les témoins de la tragédie insistent sur cet aspects), très bien exprimée par les deux interprètes.

Cette grosse production au casting de stars (Amitabh Bachchan fait une apparition mémorable) est très convaincante quand elle se concentre sur l'amour de ses deux héros, isolant le couple dans des décors monumentaux.


Elle est en revanche moins réussie lorsqu'elle prône avec générosité mais sans grande subtilité l'amitié entre les peuples et l'émancipation de la femme. Ainsi, le procès final (tout droit sorti d'un trial movie américain), au cours duquel se joue la libération de Veer, est alourdi par l'opposition trop manichéenne entre la jeune avocate féministe et tolérante et son ancien mentor malhonnête et machiste, et par un suspense un peu artificiel (les témoins arriveront-ils à temps). Ces défauts sont cependant tout à fait secondaires, et vite oubliés.

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