10.5.20

Baahubali : The Conclusion (2017 - télougou)

Comme son nom l'indique Baahubali : The Conclusion est la suite d'un premier volet intitulé avec beaucoup d'imagination Baahubali : The Beginning, du même réalisateur S. S. Rajamouli, et avec plus ou moins les mêmes acteurs (en fait seule l'héroïne change : Tamannaah apparaît à peine, alors qu'Anushka a un rôle beaucoup plus développé que dans le premier film).


Je vais revenir rapidement sur l'histoire pour vous permettre de voir La Conclusion même si vous n'avez pas vu le premier film. Mais je vous recommande avant tout de regarder la première minute de la vidéo ci-dessous, qui se situe au tout début du film :


Si vous trouvez cela grotesque, ce n'est peut-être pas la peine d'en regarder plus (sauf pour vous marrer dans une soirée entre potes). Si vous trouvez cela grandiose, sachez que ce n'est qu'un aperçu de ce qui vous attend dans cette saga des plus épiques.

L'histoire donc.
Dans The Beginning, un enfant trouvé joué par Prabhas et nommé Shivudu (en télugu) / Shiva (en hindi), va soutenir par amour un groupe de rebelles qui affronte le roi tyrannique de Mahishmati, Bhalla (joué par Rana). Au milieu du film, on apprend que Shiva est Mahendra Baahubali, roi légitime de Mahishmati, et que Bhalla, son oncle, est un usurpateur qui détient prisonnière sa mère, (que Shiva s'empresse de libérer). Un flashback nous montre les jeunesses parallèles de Bhalla et du père de Shiva, Amarendra Baahubali (joué par le même acteur, Prabhas), et l'épreuve imposée par la reine-mère Sivagami (Ramya Krishnan) pour déterminer qui doit régner, épreuve remportée par Baahubali. Le film se termine sur un cliffhanger : le fidèle et loyal soldat Kattappa avoue avoir tué Baahubali père. Pourquoi ? Comment ? Le deuxième film y répond au cours d'un long flashback sur la vie d'Amarendra Baahubali, avant de finir par la conquête de la capitale par son fils dans des scènes d'action ahurissantes.

Bhalla est méchant

Tout commence quand la reine mère envoie Baahubali, accompagné de Kattappa, le fidèle guerrier, faire le tour de son royaume. Il rencontre la princesse Devasena, plus habile que beaucoup d'hommes avec une épée ou un arc (mais moins que Baahubali quand même, faut pas abuser). Cachant son identité, il se fait passer pour un benêt incapable de manier une arme, ce qui est apparemment la meilleure solution pour séduire Devasena. Mais la princesse a des doutes, et lors d'une attaque de bandits (dès que l'action faiblit un peu, une opportune attaque de bandits la relance) il protège la cité de la princesse, révélant son origine royale. Par malchance, son très méchant cousin Bhalla découvre son amour pour Devasena et décide de demander à la reine-mère sa main, en partie par concupiscence, en partie pour contrarier Baahubali. Je ne vais pas raconter tous les rebondissements, mais aux 3/4 du film environ, quand on a compris pourquoi Kattappa a tué Baahubali, on revient au temps présent, et Shiva / Mahendra Baahubali lance dans une séquence particulièrement grandiose une attaque contre Bhaala.
 
Devasena dans une baston à la télugu

 Si vous n'en avez pas vu les extraits sur youtube, je ne veux pas gâcher la surprise. Sachez juste que la stratégie de Shiva ne tombe pas du ciel (si l'on peut dire), mais avait été en quelque sorte annoncée dans un épisode du flashback. Le gros point fort, outre la sexitude des principaux acteurs et actrices, ce sont ces scènes d'action, toujours plus grandes que nature, et toujours imaginatives. Comme dans le premier film, mais encore plus nombreuses et plus épiques. Et mieux que cela encore, elles sont intelligentes et servent à révéler les caractères des personnages. Ainsi, Kattappa et Baahubali se passent-ils leur armes avec une grande fluidité lors des scènes de combats, montrant la symbiose entre les deux personnages.
Visuellement, même si l'on voit bien que beaucoup d'images ont été générées par ordinateur, c'est très bien fait, et les décors évoquent par moment un Seigneur des Anneaux indien (Les statues gigantesques qui surplombent le fleuve à l'entrée du royaume...)

Amarendra Baahubali mène l'attaque

Parfois même, on dirait le Seigneur des Anneaux, mais en plus énorme, comme lorsque Baahubali découvre un cadavre dans une étendue d'eau, qui évoque fortement les Marais Morts.
 

Mais dès que le plan s'élargit, c'est pour révéler un massacre bien plus important que celui qui n'est que suggéré dans le film de Peter Jackson.

Baahubali père, Kattappa et plein de morts

Les chorégraphies ne sont pas en reste. Bien qu'elles soient peu nombreuses, elle proposent quelques visions marquantes, notamment un bateau en forme d'oiseau volant au milieu de chevaux de nuages. Dommage simplement que les versions en  hindi des chansons soit moins bien que les originales telugu. Et que globalement la musique soit un poil moins bonne que celle du premier film.


Le revers de la médaille de toute cette magnificence, c'est que rien n'est très subtil. Quand le peuple applaudit Baahubali, la terre tremble en rythme, et menace de faire tomber le parasol, symbole de royauté, qui protège Bhalla. Les acteurs ont tous un jeu très expressif, et certains procédés sont un peu théâtraux (ainsi les courtisans s'essuient le front de soulagement quand un désastre est évité). Mais ce n'est pas grave, cela fait partie du style de l'épopée porté à son paroxysme.

un jeu d'acteur tout en finesse 

L'autre point très plaisant, c'est le rôle de premier plan des personnages féminins. Le premier volet avait tenté d'aller dans ce sens sans y parvenir totalement. Ici nous avons la joie d'entendre la reine-mère proclamer : "Ainsi ai-je parlé. Et ma parole est loi". Et les relations amoureuses sont présentées d'une façon assez différente de l'ordinaire. Déjà, c'est Baahubali qui tombe amoureux de Devasena en la voyant combattre, et non l'inverse. Et par moments on touche presque à l'amour courtois de la littérature médiévale européenne.

Baahubali évite à Devasena d'avoir à se mouiller les pieds, quitte à adopter une position peu honorable


Devasena, désormais reine mère, traverse un cour d'eau sur la tête de Bhalla tombée de la gigantesque statue en or à son effigie

On peut voir le deuxième volume, le meilleur, sans avoir vu le premier. On manquera quelques liens entre les deux films, tels le destin de la statue monumentale de Bhalla (dont j'ai trouvé la fin très poétique), ou encore deux libations offertes à Shiva (l'une d'eau, l'autre de sang) mises en parallèle. Mais le premier film est résumé lors du générique de début, vous pouvez donc vous lancer !
 
"Ma parole est loi"


Il y a quatre ou cinq versions disponibles sur Netflix, mais aucune en VO. Je vous invite à éviter la version raccourcie de 2h17 pour préférer le film dans sa durée originale d'environ 2h45. Personnellement j'ai choisie la version hindi, et elle est OK. Comme le registre de langue est très élevé j'ai quand même un peu pouffé à la énième utilisation de पुत्र (putr) à la place de बेटा (beTa) (les deux veulent dire fils, mais le premier a incontestablement une noblesse et une grandeur que n'apporte pas le plus commun beTa ; seulement je ne l'avais jamais autant entendu dans un film). Les sous-titres français sont compréhensibles, mais manquent d'élégance et d’exactitude car ils sont de toute évidence traduits à partir des sous-titres anglais. Une constante sur Netflix.

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