Après le rouge-passion de Devdas et le bleu-nuit de Saawariya, voici Patmaavat et ses tons bruns-facho.
L'histoire (dont on nous dit bien qu'elle est fictive) en deux mots : le sultan de Delhi Alauddin (Ranveer Singh) entend dire que l'épouse du roi rajput Ratan Singh (Shahid Kapor), Padmaavati, (Deepika Padukone) est la plus belle femme du monde. La posséder devient une obsession et il part en guerre contre Ratan Singh.
L'histoire (dont on nous dit bien qu'elle est fictive) en deux mots : le sultan de Delhi Alauddin (Ranveer Singh) entend dire que l'épouse du roi rajput Ratan Singh (Shahid Kapor), Padmaavati, (Deepika Padukone) est la plus belle femme du monde. La posséder devient une obsession et il part en guerre contre Ratan Singh.
Listons les qualités et les défauts de Padmaavat.
Les plus : j'ai appris qu'autruche se disait shutur-murgh, c'est à dire "oiseau-dromadaire". On ne voit pas assez d'autruches dans les films Bollywood
Les moins :
1) c'est anti-musulman au possible. C'est apparemment adapté d'une épopée et j'ignore si elle a la même tonalité, mais si c'est le cas, on peut se demander l'intérêt de l'adapter au cinéma en pleine période de crispation identitaire. Dès le tout début de l'histoire on voit Alauddin (qui ne quitte pas un look dothraki assez moche de tout le film) tromper sa femme le jour de leur mariage et tuer son ami d'enfance pour dissimuler ses actes. Le musulman, on l'aura compris et on va nous le répéter tout au long du film, est fourbe, ingrat, traitre, bestial (on le voit dans une scène de repas sniffer son plat comme un chien) et lubrique. L'ironie de l'histoire, c'est que ce sont aux départ les Rajputs qui ont manifesté contre ce film accusé de salir leur honneur, sur la fausse rumeur d'une histoire d'amour entre Padmaavati et Alauddin
Les musulmans en Inde, façon Bhansali
2) qui dit lubrique, dit sexualité hors norme. Et croyez-moi ce n'est pas pour valoriser la diversité des orientations sexuelles. Cette infâme brute est donc présentée comme ayant possiblement un amant en la personne de son serviteur Malik Kafur, dont la rumeur dit qu'il serait "uski begum", "sa femme". Ce dernier est interprété par Jim Sarbh qui a l'air au choix de jouer dans un autre film ou d'avoir fumé toute l'herbe de l'Inde.
Jim Sarbh
3. Face aux musulmans, Ratan Singh est présenté comme le Rajput parfait, et les Rajputs comme des hommes d'honneur, de courage et de principes. Ces fameux "usool" (principes) nous sont largement rabâchés.*
Le soleil rajput
Une scène assez révélatrice : lors de la préparation au combat des deux leaders, on voit Padmaavati enrouler avec soin le turban de son époux, symbole des traditions rajputs. Alauddin, lui, se pose sans façon sa couronne sur la tête. Et les hommes rajputs sont si valeureux qu'ils continuent à combattre la tête coupée.
Bref c'est pas subtil, et ça devient très problématique quand ces principes s'appliquent aux femmes
4. Le film promeut des valeurs patriarcales. Sans parler du fait que les deux camps respectent la pardah (interdiction pour une femme de montrer son visage), et que Deepika est essentiellement présentée comme objet de convoitise plus que comme individu, il y a le gros problème du "jauhar" (l'immolation collective des femmes assiégées pour sauver l'honneur des Rajputs dans la défaite). Car le jauhar est ici totalement glorifié (quoiqu'en dise Deepika, dont on se demande bien se qu'elle est venue faire là-dedans). Avant le départ de son époux à la guerre, Padmaavati lui demande l'autorisation de le pratiquer en cas de défaite, avec toutes les femmes du fort. Elle justifie sa décision en arguant que les femmes rajputs aussi sont des guerrières, et que se jeter dans le feu est leur arme. Le mari accepte sans une hésitation.
Les préparatifs sont longuement et complaisamment filmés, et quasiment chorégraphiés, sur une musique solennelle. Pire, c'est la seule séquence visuellement belle et colorée d'un film globalement terne. Et un petit texte nous dit à la fin que "le jauhar de Padmaavati fut la pire défaite d'Alauddin". Youpi, jetez-vous toutes dans le feu Mesdames.
4. Le film promeut des valeurs patriarcales. Sans parler du fait que les deux camps respectent la pardah (interdiction pour une femme de montrer son visage), et que Deepika est essentiellement présentée comme objet de convoitise plus que comme individu, il y a le gros problème du "jauhar" (l'immolation collective des femmes assiégées pour sauver l'honneur des Rajputs dans la défaite). Car le jauhar est ici totalement glorifié (quoiqu'en dise Deepika, dont on se demande bien se qu'elle est venue faire là-dedans). Avant le départ de son époux à la guerre, Padmaavati lui demande l'autorisation de le pratiquer en cas de défaite, avec toutes les femmes du fort. Elle justifie sa décision en arguant que les femmes rajputs aussi sont des guerrières, et que se jeter dans le feu est leur arme. Le mari accepte sans une hésitation.
Les préparatifs sont longuement et complaisamment filmés, et quasiment chorégraphiés, sur une musique solennelle. Pire, c'est la seule séquence visuellement belle et colorée d'un film globalement terne. Et un petit texte nous dit à la fin que "le jauhar de Padmaavati fut la pire défaite d'Alauddin". Youpi, jetez-vous toutes dans le feu Mesdames.
5. C'est moche. L'autruche en image de synthèse pique les yeux, les couleurs sont maronnasses, la musique très moyenne et même les chorégraphies, le point fort des films de Bhansali, sont faiblardes.
Bref, c'est laid, réac et misogyne, anti-musulman à mort, et homophobe en prime. Sauvez trois heures, ne regardez pas Padmaavat
*note linguistique : bizarrement, contrairement à la coutume qui veut que dans les films
historiques les musulmans parlent urdu et les hindous un hindi très
pur, ici tout le monde sauf le brahmane emploie des mots persans et
arabes.
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