5.3.20

Queen (2013)

Initialement je voulais revoir Firaaq, excellent film sur les pogroms anti-musulmans de 2002, mais alors que les lynchages reprennent de plus belle à Delhi, Netflix a choisi de le retirer de son catalogue.

Donc, Queen. Un film assez original d'émancipation féminine, un peu "bollywood" mais pas trop (les belles chansons sont bien là, mais comme musique de fond, pas pour des séquences chorégraphiées).




Rani, jeune étudiante en arts ménagers (très subtilement incarnée par Kangana Ranaut) très ingénue, et jamais sortie de son quartier, se prépare à épouser VIjay. Un mariage d'amour, approuvé par les familles, tout est bien dans le meilleur des mondes. Sauf que Vijay la lâche deux jours avant le mariage, sans vraiment s'en expliquer. Rani (ce qui veut dire "reine", d'où le titre), d'abord effondrée, décide de partir quand même en lune de miel, seule, afin de réaliser son rêve de voyager en Europe. Elle va y faire des rencontres, se dévergonder (un petit peu, hein c'est du cinéma indien) et murir beaucoup.


Comme tout bon film Bollywood, celui-ci est pleins de clichés sur les étrangers. Les Occidentales (et les Indiennes vivant en Europe) couchent avec tout le monde (mais, surprise, ce n'est pas condamné, la morale du film serait plutôt "à chacun sa vie"), les Français mangent des trucs répugnants (j'ai bien ri dans la scène du restaurant), les Russes boivent, Amsterdam est plein de sex-shops, et les Japonais... sont juste bizarres en fait, je n'ai pas bien compris le personnage. La bonne surprise, c'est que tout ces personnages sont sympathique et bienveillant envers l'héroïne. On n'est pas du tout dans la propagande nationaliste qui règne de nos jours à Bollywood.

 Rani, donc, se rend à Paris toute seule, d'abord assez gourde et encombrée de valises, et rencontre la très libre Vijayalakshmi (interprétée par la sublime Lisa Haydon). Un instant, on se dit qu'elle a troqué son fiancé pour une girlfriend, mais non, tout de même pas.


VIjayalakshmi lui apprend les rudiments du voyage en solo, et la voilà partie pour Amsterdam, où elle atterrit dans une auberge de jeunesse dans laquelle elle doit partager sa chambre avec trois hommes... Il y a évidemment moult gags sur les différences culturelles et l'ignorance de Rani, et après un début assez déprimant, on rit beaucoup. Mais la grande originalité, c'est la peinture, en flashback, de la relation que Rani avait avec Vijay. Une relation toxique, et présentée comme telle, c'est plutôt rare. Il est clairement suggéré que Rani n'aurait pas été heureuse en suivant la voie traditionnelle du mariage et qu'intégrer (un petit peu) de culture occidentale féministe (avoir le droit, de boire, de danser, de conduire...) n'est pas une mauvaise chose. C'est vraiment rafraichissant.

Mais la grande originalité, c'est la peinture, en flashback, de la relation que Rani avait avec Vijay. Une relation toxique, et présentée comme telle, c'est plutôt rare. Il est clairement suggéré que Rani n'aurait pas été heureuse en suivant la voie traditionnelle du mariage et qu'intégrer (un petit peu) de culture occidentale féministe (avoir le droit, de boire, de danser, de conduire...) n'est pas une mauvaise chose. C'est vraiment rafraichissant.

Aucun commentaire: