8.7.12

Trishna (2012)

Trishna, issue d'une famille pauvre, travaille de temps à autre comme serveuse dans un hôtel. Jay, un riche touriste, la remarque, et lui offre un emploi plus stable à Jaipur, dans un des hôtels que possède son père. Une idylle se noue, et après quelques péripéties, Jay lui propose de partir avec lui à Bombay. Trishna accepte. Mais leur relation, qui ne réussit pas à effacer la différence de classe, se déséquilibre encore plus lorsque Jay reprend les commandes d'un hôtel, et embauche de nouveau Trishna comme employée. 

Trishna est librement adapté de Tess d'Urberville, transposé de nos jours, dans un Rajasthan décidément très photogénique. L'histoire est considérablement simplifiée, notamment en faisant disparaître un des deux hommes qu'a aimés Tess. Pas sûr que cette simplification ait été une bonne chose car cela affaiblit considérablement l'enjeu de l'aveu de Trishna à Jay : dans le livre, Tess hésite à avouer à Angel qu'elle a connu un autre homme avant lui, elle craint qu'Angel ne la quitte en l'apprenant ; ici, puisque les deux hommes ont été fusionnés, Michael Winterbottom a dû inventer un autre secret : Trishna a avorté d'un enfant qu'elle attendait de Jay, au début de leur liaison. Mais ce secret n'est pas utilisé comme ressort dramatique : on n'a pas l'impression que Trishna est prise dans un dilemme et hésite à le révéler, si bien que la partie à Bombay, qui aurait dû correspondre à l’apparition du deuxième homme de la vie de Tess si le film avait choisi de suivre le livre sur ce point, est la plus faible du film : trop longue, et sans enjeu. 

Ce défaut est d'ailleurs présent, quoique de façon moins marqué, dans l'ensemble du film : Trishna manque d'enjeu dramatique : tout est très joli, les paysages comme les acteurs, mais reste hélas surtout illustratif. Et Freida Pinto et Riz Ahmed, que j'ai pourtant apprécié dans Four Lions, n'arrivent malheureusement pas à donner de l'épaisseur à leur personnage. A noter une apparition de Roshan Seth (le Nehru du film Gandhi), qui se fait rare au cinéma depuis quelques années.


La musique est belle, trop belle presque : signée Shigeru Umebayashi, le compositeur de In The Mood For Love et de 2046, elle évoque irrésistiblement les films de Wong Kar-Wai. Une musique très ample, très dramatique, qui accompagnait à merveille les films du réalisateurs hongkongais, mais souligne par contraste la relative fadeur de Trishna. On entend également, et c'est toujours un plaisir, deux morceaux de Nusrat Fateh Ali Khan. Amit Trivedi signe les chansons originales, jolies mais sans plus.

Le compositeur indien fait d'ailleurs une apparition dans son propre rôle, aux cotés du réalisateur Anurag Kashyap et de l'actrice Kalki Koechlin. Le clin d’œil est sympathique, mais n'apporte pas grand chose au film.

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