14.5.10

Farah Khan, la reine du massala

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Farah Khan est la réalisatrice de massala, la seule femme à ce jour qui réalise ce type de films commerciaux et populaires.
Il n'y a pas beaucoup de réalisatrices indiennes, et les autres, qu'il s'agisse d'Aparna Sen pour le cinéma bengali, ou de Mira Nair et Deepa Mehta, font des films "d'auteur", c'est à dire qu'ils traitent de sujets de société, avec un certain sérieux, et comportent peu ou pas de passages chantés. Une façon de faire qui était encore, il y a peu, ultra minoritaire dans le cinéma hindi, et n'a jamais touché un public nombreux.

Lorsque Farah Khan a annoncé la sortie de son Om Shanti Om pour Diwaali 2007, un seul réalisateur a osé sortir un film la même semaine.
S. L. Bhansali, qui sentait que le match serait serré, a d'emblée tenté de présenter son Saawariya comme plus exigeant, plus ambitieux qu'Om Shanti Om. Tentative pour rallier une partie des spectateurs et des critiques, ou pour justifier d'avance une défaite annoncée ("Le public n'a pas compris") ? Sauf que le succès commercial, immense mais sans surprise, d'Om Shanti Om s'est doublé d'un succès critique, et que Farah Khan a prouvé, pour son deuxième film, qu'elle était la maîtresse incontestée du massala intelligent, et se paye en prime le luxe de parodier son rival dans un des meilleurs gags du film.

Deux films seulement en tant que réalisatrice, mais plus de quatre-vingt en tant que chorégraphe. C'est cette profession qui a fait connaître Farah. Issu d'une famille de scénaristes et d'acteurs, elle choisit ce métier après avoir vu le clip de Thriller. De 1992 à nos jours, elle modernise considérablement la danse Bollywood, et se fait connaître pour ses chorégraphies assez sportives. Elle est de tous les gros succès, à l'exception de ceux dont le sujet exige des chorégraphies classiques, pas vraiment sa spécialité. Les imitateurs se multiplient, et son style, omniprésent, a fini par perdre de son originalité, d'autant qu'elle même n'a pas toujours su se renouveler, et peine à atteindre de nouveau les sommets de Mehndi Laga ke rakhna, ou de Chaiyya Chaiyya.

Mais heureusement, Farah, qui a peut-être senti que son inspiration dans ce domaine commençait à s'essouffler, décide de mettre à profit les amitiés qui se sont tissées pendant ses douze ans de carrière, notamment avec Shahrukh Khan, et se lance, en 2004, dans la réalisation de Main hoon na, irrésistible parodie de film d'action et de teen movie à l'américaine, agrémenté d'une intrigue familiale 100 % indienne. Immense succès pour ce film plein d'humour.


Rebelote donc en 2007, toujours avec Shahrukh. Pour reprendre les mots de Farah à propos de l'acteur : "pourquoi manger des hamburgers quand on a du beefsteak chez soi ?" Shahrukh est de tout les projets et c'est sa société qui produit les films de Farah. Sa présence fait venir les masses, et Farah, en échange, lui offre quelques-unes de ses scènes les plus drôles.
Om Shanti Om, c'est une histoire de réincarnation en forme d'hommage extrêmement documenté aux massalas des années 1970 (pas un costume qui ne soit inspiré d'un film de cette époque), et une véritable déclaration d'amour au cinéma populaire indien, incarné par Shanti, la star que vénère Om le figurant. L'humour est au rendez-vous, mais derrière les gags se cache une mélancolie surprenante, et une jolie réflexion sur l'amour des fans pour leurs idoles.