30.6.09

Kal ho na ho (New York Masala) - 2003

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Je n'arrive pas à croire qu'il n'y a pas quelque part sur ce blog un petit article consacré à ce film. Je n'ai jamais autant versé de larmes au cinéma. Même si ce n'était pas un bon film (et ce l'est !) il mériterait un article pour cette raison.


Aman, Rohit et Naina


Naina vit à New-York avec sa mère, sa petite sœur, son petit frère et sa grand-mère qui idolâtre ce dernier et déteste les deux autres. Entre les études, les disputes domestiques, le restaurant famillial qui bat de l'aile et les peines de cœur de sa voisine et amie, Naina n'a pas vraiment le temps de penser à elle, et encore moins d'avoir une vie sentimentale. Son meilleur ami Rohit, spécialiste des plans drague foireux, n'est pas d'un grand secours. Mais bientôt emménage dans son quartier Aman, qui décide d'être l'ange gardien de la famille...

Le réalisateur, Nikhil Advani, est l'ancien assistant de Karan Johar, et l'influence de celui-ci, producteur du film, est plus que sensible. Selon la bonne vieille recette de "KJo", Kal ho na ho ("Il n'y aura peut-être pas de lendemain") est un efficace mélange de comédie et de mélo, qui aurait pu être indigeste mais est sauvé par un rythme à tout épreuve. Le visuel, coloré, et moderne, est soigné, mais les amateurs de saris et de chorégraphies traditionnelles risquent d'être déçus. Ce qui n'empêche pas les chorégraphies en question d'être dynamiques et assez réjouissantes, malgré une musique un peu faible (à l'exception de la magnifique chanson titre interprétée par Sonu Nigam).




Les gags fusent, avec plus ou moins de succès, mais il y en a tellement que ce n'est pas grave s'il y a un peu de perte. L'un d'entre eux, un running gag sur la relation qu'entretiennent Aman et Rohit, franchement drôle, est remarquable par le regard certes humoristique, mais dénué de jugement, qu'il porte sur l'homosexualité, un sujet encore tabou en Inde. Mais ce qui fait le talent d'Advani et de Johar, c'est que, plus que le gag, on retient la belle amitié des deux personnages. Malentendus et quiproquos sont au cœur du film, ils sont les ressorts de la comédie mais aussi de la tragédie, qui tourne autour d'un fait qu'Aman croit devoir dissimuler, je n'en dirai pas plus.

Si comme dans de nombreux autres films, on a globalement la comédie dans la première partie et la tragédie dans la seconde, la coupure n'est pas brutale. La vie de Naina est loin d'être rose au début du film, les rapports familiaux sont même décrits d'une façon très dure, et à l'inverse, le personnage d'Aman, sorte d'Amélie Poulain infatigable, maintient toujours une lueur de joie et d'espoir. On ne sort pas du film démoralisé. C'est une très belle trouvaille cet Aman, personnage chez qui la bonne humeur est une éthique, mais qui voit ses principes vaciller lorsqu'il se surprend à aimer. On peut quand même trouver contestable son sacrifice, même s'il a en vue le bonheur de Naina : chers scénaristes indiens, ça vous tuerait, pour une fois, de laisser un personnage féminin décider lui-même de ce qu'il veut faire de sa vie ?



Shahrukh fait du Shahrukh puissance mille, allergiques à son jeu s'abstenir. Mais je ne vois personne d'autre qui réussisse en une minute à me faire rire et pleurer. Son personnage est entouré d'une aura religieuse assez incroyable : il apparaît de dos, sur un bateau, l'écharpe au vent, alors que Naina prie Dieu de lui envoyer un ange. Lorsqu'il arrive dans le quartier (sous la neige, alors qu'on est en plein été !) la petite famille est agenouillée, en prière. A ses côtés Saif Ali Khan et Preity Zinta ne déméritent pourtant pas.





Pretty Woman




Le film est édité par Bodega sous le titre New-York Masala. Il y a quelques bonus : karaoké, making off qui montre la quantité de travail nécessaire à la réalisation d'une chorégraphie. Sous-titres français professionnels, parfaitement compréhensibles, mais traduits de l'anglais et bourrés de calques, ça m'énerve vraiment (même s'il n'y a que moi que ça gêne).

28.6.09

quelques genres musicaux indiens

6 commentaires

La musique de films s'inspire de toutes sortes de courants et de genres. Les musiques d'ailleurs sont bien sûre très présentes, sous des formes plus ou moins indianisées, mais je vais évoquer ici quelques genres indiens très exploités par les compositeurs de BO, qui bien souvent les simplifient ou les modernisent pour répondre aux attentes du public. Je ne suis pas particulièrement calée en musique, alors désolée pour les probables imprécisions . Si jamais, cher lecteur, tu t'y connais en musique indienne, n'hésite pas à laisser des commentaires pour corriger de possibles erreurs ou compléter la liste.



Un bhajan et un chant religieux en général lyrique. Les bhajans n'ont pas de forme fixe, on peut cependant noter que c'est l'un des genres dans lesquels rythmes et instruments occidentaux sont les moins présents.

chanté par deux bauls (musiciens bengali) dans le film de Bimal Roy Devdas



ou encore "Mann Mohana" du film Jodhaa Akbar

Le bhangra est un genre musical du Pendjab (Nord-Est de l'Inde). Ce type de chant et de danse populaire, généralement festif, est accompagné par le son du dhol, une sorte de tambour, et par des exclamations (hoy hoy ! balle balle ! haripa !...). Ce genre a toujours été présent dans les musiques de films panjabi mais aussi hindi, en partie grâce à l'influence d'acteurs et de producteurs panjabi (dont la famille Chopra). Dans ce cas, même si la chanson est en hindi, elle comporte souvent quelques mots ou tournures panjabi.


deux exemples :

dans les années 70, tiré du film Suhaag.

Plus récent, dans Rang de Basanti




Le dappa (ou Dappaankuthu, ou encore gaana) un type de danse de rue tamoule, très énergique, dansé lors d'occasion très diverses, allant du mariage aux funérailles. Les mouvements ne sont pas codifiés. Le rythme est rapide, les paroles n'ont pas forcément beaucoup de logique et sont parfois assez explicites. C'est un genre très populaire dans le cinéma tamoul.

Bharath et Arya dans Pattiyal



ou encore Vijay dans "Appadi Podu" du film Ghilli



Le ghazal est un genre poétique d'origine persane. Dans le sous-continent indien, les ghazals sont écrits en ourdou. De registre lyrique, ils traitent souvent de l'amour impossible, de la soufrance qui naît de la séparation. C'est une poésie très influencée par des motifs religieux, et notamment soufis. Au sens strict, il est composé de distiques et est caractérisé par la répétition d'un groupe de mots à la fin de chaque vers du premier distique, puis du second vers de chaque distique, ainsi que par une rime située avant ce refrain. Une forme très contraignante donc, qui incite à la virtuosité. La musique est assez calme, et met en relief la beauté des paroles et l'interprétation du chanteur. (Merci Wikipédia...)


Le qawwali est une musique religieuse soufie, dont les origines remontent au 8ème siècle. Nusrat Fateh Ali Khan en est l'un des interprètes les plus connus. Ils sont écrits en ourdou. Ces chants d'amour et de dévotion à Dieu peuvent très facilement être utilisé pour parler d'un amour plus profane, et les paroliers ne s'en privent pas. Les chanteurs (traditionnellement des hommes) sont accompagnés d'harmoniums (qui ont remplacé le sarangi d'un emploi moins pratique) et de percussions (tablas et dholaks). Les morceaux, qui durent souvent plusieurs dizaines de minutes, suivent un déroulement codifié faisant intervenir peu à peu les différents instruments et chanteurs. Le morceau va donc crescendo, ce qui en fait la musique idéale pour accompagner les moments de grande tension dramatique dans les films, mais il peut aussi être festif et intervenir lors de mariages. Le "filmi qawwali" ou qawwali de film est bien évidemment plus court, et prend bien des libertés avec le genre.

"Aaya tere dar par" - un qawwali assez traditionnel (Veer Zaara)



Un qawwali des seventies chanté par Mohammed Rafi : "Pardah hai pardah" (Amar Akbar Anthony)

une réinterprétation moderne du genre "Tumse milke dil ka hai jo haal" (Main hoon na)