23.12.08

L'année 2008 s'achève...

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il est temps de faire un petit bilan de l'année achevée. Que retiendra-t-on de 2008 ? (idée piquée à Jordan White)

Films (chaque lien conduit à la bande-annonce du film)
1. Rock on !!



2. Vaaranam Aayiram
3. Rab Ne Bana Di Jodi (critique)
4. Khuda Ke Liye (critique)
5. Jodha Akbar

suivent Dostana et Tashan.

Et les pires films ? Dasavatharam (qui est en prime la plus grosse déception) , Sunday (jamais réussi à le finir celui-là)

Actrices de l'année
1. Anushka Sharma (Rab Ne Bana Di Jodi)


2. Priyanka Chopra (Dostana)



3. Prachi Desai (Rock On !!)


Acteurs de l'année
1. Suriya (Vaaranam Aayiram)


2. Shahrukh Khan (Rab Ne Bana Di Jodi)


Surinder Sahni est sans conteste le personnage de l'année

3. Fahran Akhtar (Rock On !!)


Bandes Originales (liens vers des radios en ligne autant que possible )
1. Vaaranam Aayiram
2. Pranali
3. Bachna Ae Haseeno
4. Jodhaa - Akbar
5. Dev D
6. Rab Ne Bana Di Jodi
7. Jaane Tu Ya Jaane Na
8. Aamir
9. EMI
10.One Two Three

Chanteuses de l'année
1. Shreya Ghoshal
2. Sunidhi Chauhan
3. Shilpa Rao

Chanteurs de l'année
1. Sukhwinder Singh
2. Sonu Nigam
3. Roop Kumar Rathod

Chansons
1. Tujh mein Rab dikhta hai (Rab Ne Bana Di Jodi) (les deux versions)
2. Oh ! Shanthi Shanthi (Vaaranam Aayiram)
3. Jogi Mahi (Bachna Ae Haseeno)
4. Kabhi Kabhi Aditi (Jaane Tu Ya Jaane Na)
5. Ha Raham (Aamir)
6. In Lamhon ki Daaman mein (Jodhaa-Akbar)
7. Sach Na Bata (Pranali) ( les deux versions)
8. Roshan Har Dil (EMI)
9. Bandiya (Khuda Ke Liye)
10.Sapnon se Bhare Naina (Luck By Chance)
11.Desi Girl (Dostana)
12.Ishq Ada (Ada)
13. Fashion ka Jalwa (Fashion)
14. Emotional Attyachaar (Brass Band Version) (Dev D)
15. Jo Gumshuda (Mission Istambul)
16. S.I.D.H.U (Chandni CHowk To China)
17. Zindagi (Yuvvraj)
18. Dil Haara (Tashan)
19. Main Chala (Black & White )
20. Rock On ! (Rock On ! !)


Chorégraphies
1. Ava Enna (Vaaranam Aayiram)




2. Simbad The Sailor (Rock On !! )
3. Azeem-o-Shaan Shahenshah (Jodhaa-Akbar)
4. Jee Karda (Singh is King)
5. Haule Haule (Rab Ne Bana Di Jodi)

14.12.08

Rab Ne Bana Di Jodi (2008)

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Taani va se marier. C'est un mariage d'amour, et la jeune fille, toute à sa joie, n'accorde que quelques secondes à l'ancien élève de son père que celui-ci veut lui présenter. Il faut dire que Surinder Sahni, timide et assez terne, n'attire pas vraiment l'attention. Resté seul il observe Taani de la terrasse, quand soudain celle-ci fond en larmes, tandis que son père s'effondre : son fiancé vient de mourir dans un accident de la route. Victime d'une crise cardiaque, le père, seul parent encore vivant de la jeune fille, craignant de devoir la laisser seule, lui demande d'épouser Surinder. Commence alors une difficile cohabitation entre la jeune femme endeuillée et Surinder, amoureux incapable de communiquer avec son épouse si distante et si différente de lui. Taani, qui s'ennuie, finit par s'inscrire à un concours de danse. C'est alors que son mari a l'idée de se déguiser pour pouvoir la regarder danser. Mais la situation lui échappe, et il devient sous le nom de Raj le partenaire de Taani, sans qu'elle le reconnaisse.




Un fiancé qui meurt le jour du mariage, un père sur son lit de mort qui fait promettre à sa fille d'épouser un homme qu'elle n'aime pas, un mari que sa femme ne reconnaît pas parce qu'il a changé de coiffure et de vêtement et qui entreprend de la séduire sous cette autre identité... on peut trouver que ça fait quand même beaucoup d'invraisemblances et de situations clichés. On peut aussi se dire : génial, un bon vieux film hindi comme on n'en fait plus ! Et autant dire que cette seconde attitude est la seule qui permette d'apprécier un film qui demande de renoncer dès les premières minutes à toute incrédulité, comme ont pu le demander, en leur temps, d'excellents films tels que Satyam Shivam Sundaram (dans lequel un homme ne s'aperçoit pas que sa femme et sa maîtresse sont une seule et même personne).

Si donc on accepte de ne pas être trop regardant sur la vraisemblance, que vaut le film ? Eh bien il y a du très bon, mais aussi des points assez décevants. Ainsi les séquences illustrant les chansons ne sont pas au niveau de ce qu'on pouvait espérer de quelqu'un qui a quand même filmé Mehndi Laga Ke Rakhna. La chorégraphie de "Phir Milenge Chalte Chalte" est à l'image de la chanson : amusante par ses hommages à des classiques du cinéma hindi, mais ne soutenant pas la comparaison avec ses modèles (c'est toujours un plaisir de revoir Kajol cependant, et Shahrukh est adorable dans ses costumes à l'ancienne). Le clip de "Tujh mein Rab dikta hai" est très loin d'être aussi émouvant que la chanson, et paraît un peu mécanique et sans grande invention. "Danse Pe Chance" est ridicule, mais c'est volontaire étant donné que Raj ne sais pas danser. Reste le clip de "Haule Haule", aussi plaisant que la chanson, dans lequel Surinder montre la personne qu'il pourrait être, sans avoir besoin de passer par le déguisement de Raj, s'il se lâchait un peu et exprimait ses sentiments. La synthèse idéale entre les deux avatars du personnage. Et le final, dont je ne parlerai pas, mais qui est magnifique.

Le deuxième problème, qui est un gros spoiler alors attention si vous n'avez pas vu le film


c'est que je n'ai pas bien compris pourquoi soudain Taani "voit Dieu en Surinder". Si c'est parce qu'elle tombe amoureuse de lui, comme semble le suggérer tous les passages où cette expression est associée à l'amour, on ne comprend pas bien ce qui motive à ce moment ce soudain changement d'avis. Si c'est juste parce qu'une femme hindoue est censée considérer son mari comme son dieu, juste parce que c'est son époux, on peut regretter qu'Aditya Chopra pousse l'hommage aux vieux films hindi au point de reprendre des conceptions que l'on pensait dépassées.

Fin de l'énorme spoiler.

Et ce qui m'a plu dans Rab Ne Bana Di Jodi ? A des degrés divers, tout le reste. Le fait que le film ne perde pas de temps, commençant in medias res par l'arrivée de Taani et de Surinder dans leur maison - ce qui précède est expliqué par un flash-back d'une durée raisonnable, Rab Ne Bana Di Jodi échappant ainsi à deux défauts qui affectent souvent les films indiens. Le premier quart d'heure est d'ailleurs magnifique, peut-être le plus beau jamais filmé par Aditya Chopra : le raccourci un peu facile mais toujours efficace qui associe le feu du mariage au bûcher funéraire, les images d'Amritsar, loin de la carte postale, l'embarras de Surinder face à ses collègues sympa mais encombrants, la solitude de Taani, tout est touchant, émouvant, et provoque une adhésion immédiate qui fait accepter les grosses ficelles évoquées plus haut. Tout aussi réussie est la peinture de l'atmosphère provinciale d'une ville que le concours de danse (animé par des gens de Mumbai) semble réveiller en même temps que l'arrivée de Taani bouleverse la vie de Surinder. Tout le film est ancré dans le Punjab, et ne s'autorise pas d'escapade en Suisse ou ailleurs, même le temps d'une chanson.

Et puis il y a ce personnage de Surinder, l'employé de Punjab Power ("Lighting of your life !") qui passe son temps à éclairer la vie de ses clients mais aurait bien besoin que quelqu'un illumine la sienne. Affublé d'une fausse moustache et d'une perruque, toujours habillé de la même manière, ce personnage dont la maladresse fait parfois rire est surtout incroyablement touchant et peut éclipser totalement certains défauts du film : ainsi la scène du combat avec le sumo, qui témoigne d'une méconnaissance singulière de ce sport, et qui m'a pourtant bouleversée. Prêt à tout pour rendre heureuse son épouse, sauf à lui dire qu'il l'aime, il invente un personnage inspiré des héros de film qu'elle admire, un personnage aussi cool qu'il peut l'être, c'est à dire, en fait, parfaitement ridicule dans ses tentatives pour paraître viril et sûr de lui. Si Shahrukh Khan est excellent dans ce rôle, Surinder, en revanche, n'est pas très bon acteur. L'entrain de Raj finit cependant par séduire Taani, obligeant Surinder à faire vivre ce personnage, aux dépens de celui qu'il est vraiment, pour que Taani puisse rester grâce à lui la jeune femme heureuse qu'elle était, pour qu'elle n'ait pas à renoncer à une bonne humeur qui semble peu compatible avec la vie morne de son époux. Si l'on excepte ce que j'évoquais dans le paragraphe "spoiler", le personnage de Taani est lui aussi bien construit et assez complexe, et bien interprété par Anushka Sharma, dont c'est le premier rôle.

Il y a enfin la musique de Salim-Sulaiman, qui offre au moins trois chansons merveilleuses, "Haule Haule", et les deux versions de "Tujh mein Rab dikhta hai".


Au final Rab Ne Bana Di Jodi est donc plutôt un bon film, malgré les critiques assez mitigées qu'il a reçues.


***


J'ai vu le film à l'Espace Cinéma, où la séance a commencé avec une heure de retard en raison de problèmes de chauffage. Il faisait bien froid, en effet ; de plus les sous-titres, à mon grand regret, étaient très mauvais, à peu près de la qualité de ce qu'on obtiendrait avec un traducteur automatique.

On peut écouter la musique (en streaming) ici

Haule Haule :


5.12.08

Sacred Games - Vikram Chandra (2006)

2 commentaires


ça fait quelques temps que je n'ai rien écrit de nouveau, et je continue sur ma lancée puisque cet article est la reprise d'une critique que j'avais publiée ailleurs. J'ai constaté récemment en discutant avec des amis qu'il y avait encore des gens qui ne connaissaient pas ce formidable roman, d'où cette reprise.


Il est un peu difficile de résumer Sacred Games en quelques mots tant les intrigues et les personnages sont nombreux, mais disons qu'il est essentiellement question de Ganesh Gaitonde, chef d'un des plus gros gangs de Bombay, qui se suicide dès les premières pages du roman mais n'en continue pas moins de raconter son histoire, à la première personne ; et de Sartaj Singh, le flic qui découvre le corps et à qui on demande, sans qu'il ne sache trop pourquoi, d'enquêter discrètement sur ce qui est de toute évidence un suicide. Il est aussi question d'un agent secret pakistanais très pieux dont la fille lit Stardust* en cachette, d'un membre du contre-espionnage indien autrefois brillant mais souffrant désormais de troubles de la mémoire aux symptômes spectaculaires, d'une bonne à tout faire qui élève seule ses nombreux enfants dans le Punjab d'avant la Partition, d'une grande sœur disparue dans cette même Partition...

Et au cœur de toutes ces facettes d'une même histoire, Bombay, qui vit à chaque page du livre, qui grouille, qui tue, qui absorbe chaque jour des milliers de nouveaux migrants, Bombay dont la poussière et les bruits envahissent même les appartements les plus luxueux, Bombay qui attire pourtant à elle tous ces personnages qui n'imaginent plus vivre ailleurs.

Vikram Chandra, et c'est peut-être ce qui fait la richesse et l'humanité de ce roman, donne à chaque personnage, même le plus secondaire, l'occasion d'être à un moment ou un autre au premier plan, même si ce n'est que pour quelques pages, et entremêle ces différentes histoires avec génie, faisant resurgir telle ou telle intrigue au moment où on s'y attend le moins, réussissant contre tout espoir à tout relier à l'intrigue principale. Cette technique a un aspect assez ludique, visiblement l'auteur s'amuse en donnant la parole à des personnages qui généralement restent dans l'ombre. En prenant le temps de s'intéresser à tous il parvient à créer un roman très original, grouillant de vie, criant de réalisme et plein d'humanité. Et étrangement on ne se perd pas tant que cela dans toutes ces intrigues, sans doute justement parce que chaque personnage est bien caractérisé, donc mémorable, et aussi parce que l'écriture change radicalement selon les personnages dont on découvre la vie et les pensées. C'est globalement assez noir, parfois franchement bouleversant, mais malgré tout souvent drôle, plein d'un humour assez féroce à l'œuvre dès les toutes premières lignes.

L'anglais qu'il emploie est truffé de mots hindi et marathi, ce qui contribue pour beaucoup au réalisme du roman et donne vraiment un style très particulier. Mon vocabulaire argotique hindi s'est considérablement enrichi. L'auteur explique avoir voulu employer l'anglais qu'il utiliserait s'il parlait à un ami assis dans un bar de Mumbai ; à ses yeux ces mots vernaculaires, mystérieux et dépaysants, font également partie du charme d'un roman quand il est lu par des étrangers**.

Il y a bien quelques longueurs dans la deuxième partie, les toutes dernières pages m'ont également un peu déçue, mais Sacred Games n'en est pas moins un roman exceptionnel.


Il existe une traduction française intitulée Le Seigneur de Bombay. J'en ai feuilleté quelques pages ; je ne suis pas entièrement convaincue, mais il faut reconnaître que traduire une telle oeuvre est une tâche herculéenne. Cette édition française (Robert Laffont) possède un lexique des termes indiens.


édition en anglais : Faber & Faber, 2006, 947 pages. Comporte une liste des personnages.


* Stardust : magazine people bas de gamme
** interview donnée à Amazon.com