31.7.12

Jour 14 - Un film qui m'a plu contre toute attente

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Dostana. Franchement, un film avec John Abraham (qui joue faux dans neuf films sur dix), Bobby Deol (un peu moins horripilant que son frère Sunny, mais de peu), Priyanka Chopra (qui joue moins faux que d'autres ex-Miss, mais reste assez peu nuancée) et juste Abhishek, qui n'est même pas vraiment un de mes acteurs préférés, pour remonter un peu le niveau, aucune chance que ça me plaise.
Et puis les comédies romantiques mettant en scène de très riches NRI branchés (John est photographe, Priyanka travaille dans un magazine de mode, c'est dire !) et peu vêtus, j'en ai plus qu'assez. Abhishek joue un infirmier, d'accord, mais ça ne va pas suffire.
Enfin le pitch (John et Abhishek prétendent être en couple pour pouvoir loger chez Priyanka puis se disputent secrètement la belle, sans révéler la supercherie) fait vraiment peur quand on sait la finesse avec laquelle Bollywood aborde les thématiques LGBT.

Et pourtant...

C'est le second degré qui sauve le film. John Abraham est très drôle et fait preuve de beaucoup d'auto-dérision. Il est la victime des gags les plus percutants du film, qui se jouent de son image de sex-symbol. Le reste des acteurs assure, bien que Bobby Deol ne soit pas très crédible en prince charmant.
Sans surprise, le film se lance sur le terrain de l'humour lourd. Imaginez ce que peut donner le spectacle de deux hommes hétéros, pleins de préjugés sur l'homosexualité, qui font semblant d'être gays. Mais le miracle, c'est que ça marche. Et que les passages les plus drôles sont même ceux où le trait est le plus forcé (le récit (fictif) de la première rencontre du faux couple).

Alors non, Dostana n'est pas parfait, et traine en longueur vers la fin. Non, ce n'est pas le film le plus subtil réalisé sur l’homosexualité. Le film a plutôt tendance à entretenir les clichés, mais il faut tenir compte du fait que le cinéma indien part de très loin. Dostana montre même une certaine avancée des mentalités en présentant des personnages qui acceptent presque tous sans problème l'homosexualité supposée des héros. Seule la mère d'Abhishek y trouve à redire, mais son attitude est tournée en ridicule. Je crois d'ailleurs que le film a été plutôt bien reçu dans la communauté gay indienne.

Et j'ai beaucoup aimé qu'à la fin (spoiler) Priyanka aille avec Bobby et non avec un de ses deux menteurs de colocs, qui l'ont traitée du début à la fin comme un objet à conquérir.

Et j'adore "Desi Girl":

29.7.12

Jour 12 - Un film que je déteste / Jour 13 - Un plaisir coupable

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Comme j'ai pris un peu de retard dans mes posts, et que je n'ai pas envie de m'attarder sur un film que je déteste, en voici deux d'un coup.

Un film que je déteste : Pardes, pour son opposition à peine manichéenne entre la culture indienne (pureté, honnêteté, dévouement, courage) et la culture américaine (alcool, drogue, violence et sexe). Beurk. Pas le seul film indien xénophobe, mais l'un des mieux faits, assez bien construit, ce qui le rend encore plus détestable.

Un plaisir coupable : Koyla. c'est globalement crétin, violent, cinématographiquement très faible, la musique est outrageusement pompé sur celle de 1492 : Christophe Colomb, Shahrukh y est mal fringué, mal coiffé, mais j'ai un faible pour ce film.



Pourquoi ? Peut-être parce que tout le monde, Shahrukh et Madhuri en tête, a l'air de croire dur comme fer à cet histoire de valet muet qui finit par se rebeller contre le tyran qui l'emploie (et retrouve la voix au milieu du film, les médecins de village indiens sont meilleurs qu'on ne le pense), et parce qu'il est dur de résister à une telle accumulation d'erreurs de montage (dès la troisième minute, un chien de chasse saute ... et ne retombe jamais), de dialogues pompeux ("l'ombre de la  mort est sur toi... où que tu ailles, tu ne pourras plus échapper à son étreinte") ou démonstratifs ("Alors ce sont eux nos partenaires étrangers dans notre trafic de diamants ?") , d'humour scato (ah, Shahrukh qui marche dans une bouse de vache pour faire rire Madhuri, oh, le running gag sur le viagra artisanal du père de Johnny Lever - ce dernier est d'ailleurs pour une fois supportable). Parce que Shahrukh, bien que muet, a trois chansons.  Parce que la séquence qui plagie Rambo (humour lourdingue en plus) est juste irrésistible.
Bref, un film que je n'oserais pas recommander, mais qui me plaît bien.

27.7.12

Gangs of Wasseypur et les critiques français

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La première partie du dernier film d'Anurag Kashyap, Gangs of Wasseypur, bénéficie d'une sortie en France dans une dizaine de cinémas. Je ne sais pas si le film attirera beaucoup de monde, mais c'est en tout cas un beau succès critique : "le film de l'été" pour le Nouvel Obs, une "oeuvre riche" pour l'Humanité, "un cocktail savoureux et palpitant" pour le Figaro (Anurag Kashyap met l'Huma et le Figaro d'accord), tandis que Télérama attend impatiemment la deuxième partie " Vivement la suite des hostilités !".


Une unanimité rare pour un film indien, mais méritée, car Gangs of Wasseypur est effectivement très réussi et très prenant.
Mais que les critiques français aiment (rarement) ou n'aiment pas (le plus souvent) les films indiens,  on retrouve toujours ici et là le même genre de perles, qui trahissent une certaine condescendance pour ce cinéma, et révèlent bien souvent une ignorance regrettable, que les auteurs semblent vouloir camoufler derrière des clichés :


"Fini la guimauve bollywoodienne, les choré­graphies pop, les couleurs kitsch et les amourettes sirupeuses."

On ne peut pas dire que je ne m'y attendais pas. Tout article sur un film indien se doit de comporter les mots "guimauves", "kitsch" et "sirupeux" (éventuellement remplaçable par "à l'eau de rose"). Mais les trois dans une même phrase, c'est quand même très fort. 
Je propose qu'on se cotise pour envoyer à la rédaction de Télérama les jolis morceaux de guimauve que sont, disons,  Pattiyal, Firaaq ou Hey Ram, ou encore les précédents films d'Anurag Kashyap.
Mais à quoi sert au juste ce passage  ? A dire que Gangs of Wasseypur n'est pas une comédie romantique ? On pouvait s'en douter dès la lecture du titre, non ?  

"Une geste policière comme on n’en espérait plus depuis Le Parrain de Coppola et le diptyque scorsésien Les Affranchis/Casino. Beaucoup s’y sont essayés, au cinéma ou à la télévision, en France, en Italie et en Grande-Bretagne, et se sont souvent couverts de ridicule. En Inde, pas de complexes, pas de tradition du genre à respecter."
Mesdames, Messieurs, venez admirer Gangs of Wasseypur, le tout premier film de gangsters indien !

On est pas obligé, quand on est un critique généraliste, de connaître parfaitement le cinéma de tous les pays. Mais on peut se renseigner. Se dire que puisqu'on n'y connaît pas grand chose, il est possible que ce qu'on croit savoir ne soit que le reflet d'un manque de culture. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, les Indiens n'ont pas attendu 2012 pour faire des films de gangsters, des films policiers, des films noirs, etc. On peut citer à tout hasard Satya ou Nayakan, qui partagent avec Gangs of Wasseypur une profonde noirceur et une certaine ampleur.

Oui Gangs of Wasseypur est novateur (par révolutionnaire, novateur). Mais on ne peut apprécier ce qu'il apporte de neuf si l'on ne sait pas de quoi il se démarque !

  • Et le pompon, la conclusion de la critique d'Excessif :
"Dans son ambition et sa densité dramaturgique, Gangs of Wasseypur nous rappelle Lagaan, Once Upon a Time in India, le bijou musical de Ashutosh Gowariker."
J'ai vu Gangs of Wasseypur. J'ai vu Lagaan. J'ai apprécié les deux. Mais vraiment,



Quels peuvent bien être les points communs entre ces deux films ? "Ambition", "intensité dramatique" c'est un peu vague, surtout que si les deux films ont une indéniable "intensité dramatique", elle est très différente d'un film à l'autre. Lagaan est une progression vers un long match de cricket sur lequel s'achève le film, dont on ne doute pas un instant qu'il va être gagné par les gentils villageois : la question est plutôt de savoir comment. Gangs of Wasseypur est une succession trépidante de rebondissements et de scènes d'action, mêlant les différents fils d'une intrigue complexe. Rien à voir.

Heureusement qu'il y a des critiques plus pertinentes, comme celle de Libération, qui est en outre très bien écrite (ok, il y a une guimauve égarée dans ce texte. Mais pour une fois, elle est employée à bon escient).

24.7.12

Jour 10 - Mon classique préféré

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Awaara.
Ce film est plus que classique, il est mythique.


Awaara ("Le Vagabond"), sorti en 1951 et réalisé par Raj Kapoor qui interprète également le rôle principal,  s'ouvre sur une scène de procès. Un jeune homme est accusé d'avoir voulu tuer le juge Raghunath. Peu à peu, au cour d'un long flashback, on comprend que l'accusé n'est autre que le fils du plaignant.

Très populaire en Inde mais aussi bien au-delà, Awaara réunit de nouveau le couple mythique (j'ai cherché un autre adjectif, mais c'est le seul qui convienne) de Shri  420, Nargis et Raj Kapoor. Face à eux, l'imposant Prithviraj Kapoor, père de Raj.

Une scène presque aussi mythique que Raj et Nargis sous leur parapluie dans Shri 420.

Ce très beau film est la parfaite combinaison d'influences cinématographiques occidentales (le film noir) et d'éléments culturels indiens : Le juge Raghunath a répudié sa femme après qu'elle eut été enlevée par un bandit, soupçonnant ce dernier d'être le père de l'enfant qu'elle porte. Ça vous rappelle quelque chose ? Mais oui, Awaara reprend l'histoire du Ramayana.

 Je le sens pas, ce bébé, moi...

La thématique du déterminisme, génétique et social, qui le traverse de bout en bout n'est pas étrangère au genre du film noir à l'américaine mais a une raisonnante particulière dans le pays des castes.


 Des cadrages très expressifs.

Raj Kapoor réussit très bien à exprimer par l'image les sentiments de ses personnages, par la mise en scène et les cadrages. Cette volonté de nous faire partager l'intériorité de Raj culmine dans un surprenant passage chanté de plus de sept minutes exprimant le dilemme du héros déchiré entre son activité criminelle et son amour pour Rita :

Le Paradis, auprès de Rita.


L'enfer du crime.


Ajoutons à cela que l'interprétation est grandiose, la musique également très belle, et la réalisation des passages chantés particulièrement soignée.



Des acteurs tout aussi expressifs.


Une seule scène me déplaît : Raj gifle Rita, et c'est elle qui s'excuse de l'avoir vexé ! Le passage est choquant, et rappelle soudain que ce film si moderne date de 1951. On peut légitimement trouver la scène déplaisante, mais il est difficile de le reprocher à Raj Kapoor qui ne faisait qu'exprimer la façon de penser de son temps.

22.7.12

Jour 9 - La meilleure musique de film

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Beaucoup d'hésitations sur celui-ci : Mr & Mrs 55 ? Naya Daur ? Teesri Manzil ? Umrao Jaan ? Nayakan ? Voilà certaines des musiques que j'aime beaucoup et qui me paraissent excellentes. Mais je n'y connais rien en musique, et encore moins en musique indienne, et je ne me sens pas capable de juger de la qualité intrinsèque d'une BO. Si bien que plutôt que de désigner la meilleure musique de film, je vais plus modestement choisir ma préférée. Celle qui me touche le plus, qui me donne l'impression de comprendre les chansons même si je ne pipe pas un mot de la langue. Celle de Bombay, version tamoule.
"Kannalanae" est l'un des morceaux que je fais systématiquement écouter à ceux de mes amis qui veulent découvrir la musique indienne. Suivi du thème du film, "D'abord la jambe gauche". Ces deux morceaux sont probablement deux des meilleures compositions d'A.R. Rahman. "Uyire Uyire" exprime l'amour à chaque note, et l'on comprend que Shaila Bano court à travers la campagne pour rejoindre le chanteur. "Pooveukenna Pootu" et "Kuchi Kuchi Rakkama" sont plein de vie et de joie. C'est vraiment l'un des points forts du film que de réussir à offrir de nombreux moments vraiment heureux malgré son sujet grave (les émeutes inter-communautaires de Bombay). "Andha Arabi Kadaloram" est un item number assez classique, mais assez énergique pour qu'on se laisse entrainer. "Malarodu Malar" accompagne la fin du film et vous laisse la larme à l’œil. Reste "Idhu Annai Bhoomi" qui est peut-être le seul point faible de cette BO. C'est la chanson qui appelle à l'arrêt des émeutes. Elle est trop pompeuse à mon goût, avec son instrumentation très dramatique.


Vous pouvez écouter la musique de Bombay ici.

21.7.12

Jour 8 - Un film que j'ai vu et revu

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Sans hésitation, Aa Gale Lag Jaa. J'ai déjà dit pourquoi j'aimais ce film ici.
Je suis tombée sur ce DVD chez Gibert, un jour que je cherchais tout autre chose. La jaquette ne payais pas de mine, et les précédents "vieux" films indiens que j'avais vus ne m'avaient pas tellement convaincue (à l'exception de Sholay). Mais la surprise de trouver ce film dans un magasin qui vend peu de films indiens, et son prix (1,50 euro !) ont eu raison de mes réticences. J'ai acheté Aa Gale Lag Jaa, je l'ai posé sur mon étagère, et je l'ai oublié. Ma découverte du cinéma indien était encore toute récente, et j'avais tant de films à voir ! Un mélodrame de 1973, avec des acteurs que je ne connaissais pas, ne faisait clairement pas partie de mes priorités.
Et puis un jour je me suis trouvée à court de films. J'étais coincée chez moi par un rhume, et plus rien à voir. Fouillant mon appart en quête du moindre petit film non encore vu avec l'ardeur d'un naufragé cherchant de l'eau potable sur son île déserte, je suis de nouveau tombé sur Aa Gale Lag Ja. La jaquette était toujours aussi moche, et j'ai mis le DVD dans le lecteur sans en attendre grand chose.  


A la 30ème seconde environ, Prem a le coup de foudre pour Preeti, et moi je suis tombée amoureuse de Shashi Kapoor, en chemise jaune et foulard rouge pétant.



Après une première partie au rythme trépidant, qui a détruit tous mes préjugés sur les vieux films forcément longs et pas drôles, le film se pose, et prend la tournure d'un mélodrame assez classique (les deux anciens amants seront-ils enfin réunis ? Preeti finira-t-elle par reconnaître son fils ?) mais efficace, qui met fortement l'accent sur la relation de Prem et de son fils handicapé. Les ficelles sont énormes, mais difficile de ne pas verser une petite larme quand même (voire plusieurs).


19.7.12

Jour 7 - la fin la plus surprenante

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Le Don de Farhan Akhtar. Je me suis totalement fait avoir, persuadée que Farhan se contentait de présenter sous un emballage neuf le scénario de Salim-Javed. 


L'opération modernisation était déjà en soi plutôt réussie. Certes, le film reste superficiel, mais celui de 1978 n'était pas non plus d'une grande profondeur. Et ce nouveau Don est rythmé, divertissant, assez classe même, malgré certaines faiblesses (les seconds rôles moins bons, la musique également plus faible).
Shahrukh est meilleur qu'Amitabh en tueur froid, créant un Don bien plus intéressant que celui de 1978, mais nettement moins bon en chanteur de rue naïf sosie de Don. La révélation finale est donc habile en ce sens qu'elle tire le meilleur parti des points forts de l'acteur. Et c'est naturellement un retournement lucratif, puisqu'il ouvre la voie à une suite, sortie l'année dernière.


 J'aurais bien mis un extrait du Don de Shahrukh, mais vraiment, rien ne vaut le "Khaike paan banaraswala" original.

18.7.12

Jour 6 - mon téléfilm préféré

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Je n'ai pas vu beaucoup de téléfilms indiens. En fait, je n'en ai vu qu'un. Mais même si j'en avais vu plus, il est très probable que Sadgati resterait en tête. 
Sadgati, ou Délivrance selon son titre français, est un film de 47 minutes réalisé pour la télévision publique indienne, une des rares œuvres en hindi de Satyajit Ray. 

Le film est actuellement sur youtube. En entier. Sous-titré.

Attention, nombreux spoilers ci-dessous.

Dukhi, de la caste des tanneurs, très pauvre et malade, doit marier sa fille. Il faut pour cela que la date du mariage soit fixée par quelqu'un qui ait les connaissances nécessaires en astrologie. Mais le brahmane que Dukhi sollicite n'a pas de temps pour lui, et le renvoie avec une série de corvées à effectuer, que Dukhi n'ose refuser. Il va trimer toute la journée, jusqu'à se tuer littéralement à la tâche. Un incident regrettable, sans plus, pour le brahmane et sa femme. Mais dans le quartier des tanneurs la révolte gronde : personne n'accepte de récupérer le corps, qui menace de souiller le puits du village.
Le brahmane se résout donc, de nuit, en prenant toutes les précautions possibles pour ne pas toucher le corps, à accomplir un des travaux les plus impurs qui soient, celui du fossoyeur.
Une dénonciation féroce de l'intouchabilité et de l'hypocrisie du système des castes.

Le cordon du brahmane, symbole de son statut, et la corde du fossoyeur se confondent dans un plan très fort.

17.7.12

Jour 5 - mon histoire d'amour préférée

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Le cinéma indien regorge d'histoire d'amour quasiment mythiques : les très nombreuses variations sur Ram et Sita, l'amour de Devdas pour Paro ou celui de Chandramukhi pour Devdas, celui de Salim et Anarkali... Et les réalisateurs indiens excellent dans ce registre.
Mais mon choix porte sur un film d'un registre plus léger : je remets le prix aux couples de Honeymoon Travels Pvt. Ltd.


A Aspi et Zara, un couple tellement parfait qu'il ne peut pas être humain ;
A Dia Mirza, qui fuit un mari qu'on lui a imposé, et à Arjun Rampal, son amant, qui apportent une note filmi bienvenue ;
A Boman Irani et Shabana Azmi, tous les deux très touchants en personnes d'âge mûr, blessées, qui redécouvrent l'amour ;
A Partho Sen (Kay Kay Menon) et Milly Sen (Raima Sen), une épouse traditionnelle pleine de ressources inattendues ;

Et comme les histoires d'amour ne se terminent pas toujours bien, 
A Madhu et Bunty, qui sont ensemble pour de mauvaises raisons, et à Vicky et Bunty, dont l’histoire d'amour ne peut même pas voir le jour.



14.7.12

Jour 4 - un film qui me rend triste

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Pattiyal. Non que le film soit uniformément triste, il y a des passages drôles, des moments heureux, mais on sent vite que cette histoire de deux jeunes tueurs à gage, dont l'un est sourd-muet, ne va pas finir très bien. En fait, on commence à avoir un très mauvais pressentiment dès le premier quart d'heure, quand Kosi (Arya) demande à Selva (Bharath) : "tu danseras pour mes funérailles, hein ?". Du coup, même les deux histoires d'amour joliment menées, portées par des personnages féminins forts, même l'amitié un peu rugueuse entre les deux héros (ils passent leur temps à se battre, ces deux là) prennent un goût amer.
Si vous voulez  regarder le film sans savoir comment ça finit, ne lisez pas plus loin.


Car de fait Kosi meurt, et ses funérailles sont horriblement tristes. Les danses funèbres (une spécificité des films du sud de l'Inde) me donnent souvent envie de pleurer, mais avec un danseur aussi expressif que Barath, impossible de résister. Et ce n'est que le début d'une fin épouvantablement déprimante, qui s'ouvre sur un avenir tout aussi sinistre puisque l'on voit dans la dernière scène un jeune homme prendre la relève Selva et Kosi, et qu'il est clair que lui non plus ne mourra pas de vieillesse.

Ce n'est pas le seul film indien dont les héros meurent, loin de là. Mais plus que leur mort, c'est la description de l'univers dans lequel vivent ces deux personnages, un monde où il faut tuer pour ne pas être tué, qui est glaçante. C'est le terrible réalisme de Kosi, qui n'hésite jamais à éliminer les témoins pour sauver sa peau. C'est l'endurcissement de Selva, qui finit par agir de même quand Kosi n'est pas là pour le faire. C'est l'inconscience du jeune serveur qui rêve de faire le même travail qu'eux, bien plus lucratif que le sien.

En bref, un très bon film, mais que j'hésite toujours à mettre dans mon lecteur de DVD car je sais qu'il va me déprimer pour la journée.

13.7.12

Jour 3 - Un film qui me rend heureuse

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Difficile celui-là : j'ai failli choisir Main Hoon Na, mais finalement, ce fut Muthu. Deux faces du masala, ce genre qui se définit essentiellement par le mélange des genres : Main hoon na mêle intrigue de film pour ado (qui sera la plus populaire de la classe ?), comédie ras du plancher (le prof qui postillone), terrorisme, mélo familial (Ram l'enfant illégitime se fera-t-il accepté par sa famille ?), parodie et moments d'émotion au premier degré...


Quant à Muthu, il propose, en vrac : deux Rajinikanth, un zamindar obsédé par le théâtre, une charmante actrice de théâtre, un domestique qui est en réalité fils d'une riche famille, la campagne du Tamil Nadu, une course poursuite en chars, des combats dans lesquels Superstar fait voler ses agresseurs par douzaine, un énorme quiproquo qui conduit une bonne dizaine de personnages dans le même jardin, cachés derrière des piliers, tout ça sans temps morts, et sur une très bonne musique de A.R. Rahman. Bref, un film baroque, qui offre au spectateur à peu près tout ce qu'il pouvait espérer. Et je ne pense pas spoiler en disant que ça finit bien (vous avez déjà vu un film où Rajini est le héros qui finisse mal ?).


12.7.12

Jour 2 - Le film le plus sous-estimé

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Kabhi Haan Kabhi Naa, de Kundan Shah


Une bonne partie des gens qui découvrent Bollywood passent par une période "fan de Shahrukh Khan". Le symptôme le plus fréquent est le désir irrésistible de voir tous les films de la star, y compris ceux que lui-même préférerait oublier. C'est en général à ce moment que l'on découvre un certain nombre de films mineurs du début des années 90, parfois franchement mauvais, mais aussi quelques films vraiment sympathiques. Et je classerais volontiers KHKN dans cette catégorie.

Le film semble pourtant souvent décevoir les fans. Il est vrai que Suchitra Krishnamoorthi n'a pas le charme de Juhi Chawla, qui était alors à l'écran la partenaire attitrée de Shahrukh - et qui fait d'ailleurs une courte apparition. Vrai aussi que Kundan Shah, pour sa deuxième réalisation après l'ovni très politique et vite devenu culte Jaane Bhi Do Yaaro est revenu à une comédie romantique très classique, nettement moins ambitieuse et parfaitement inoffensive.

Mais il se dégage de ce film à tout petit budget un charme fou, dû en grande partie à son acteur principal. Shahrukh n'était pas encore une star, et il joue de façon très naturelle un personnage assez inhabituel dans sa filmographie : Sunil est un loser, sympathique, certes, mais qui fait tout de travers, ment comme il respire, se fait détester de ses amis, échoue à ses exams, et n'arrive pas à séduire la fille qui lui plaît. Ce genre d'antihéros ne court pas les rues dans le cinéma commercial indien ! Notre future star est bien entouré, notamment par Naseeruddin Shah en curé navré par le comportement de Sunil.

Un film mineur, certes, mais un de mes préférés, nettement plus subtil que la moyenne des productions commerciales de l'époque, et non sans originalité.


11.7.12

Un mois de cinéma : jour 1

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Je suis tombé à plusieurs reprises ces derniers mois sur des défis intitulés "30 Day Movie Challenge". Il y a plusieurs versions en circulation, mais le principe est toujours le même : un film par jour pendant un mois, selon des critères de choix préétablis. Voici la version que je me propose de suivre, en me limitant au cinéma indien :

Day 01- The best movie you saw during the last year
Day 02 – The most underrated movie
Day 03 – A movie that makes you really happy
Day 04 – A movie that makes you sad
Day 05 – Favorite love story in a movie
Day 06 – Favorite made for TV movie
Day 07 – The most surprising plot twist or ending
Day 08 – A movie that you’ve seen countless times
Day 09 – A movie with the best soundtrack
Day 10 – Favorite classic movie
Day 11 – A movie that changed your opinion about something
Day 12 – A movie that you hate
Day 13 – A movie that is a guilty pleasure
Day 14 – A movie that no one would expect you to love
Day 15 – A character who you can relate to the most
Day 16 – A movie that you used to love but now hate
Day 17 – A movie that disappointed you the most
Day 18 – A movie that you wish more people would’ve seen
Day 19 – Favorite movie based on a book/comic/etc.
Day 20 – Favorite movie from your favorite actor/actress
Day 21 – Favorite action movie
Day 22 – Favorite documentary
Day 23 – Favorite animation
Day 24 – That one awesome movie idea that still hasn’t been done yet
Day 25 – The most hilarious movie you’ve ever seen
Day 26 – A movie that you love but everyone else hates
Day 27 – A movie that you wish you had seen in theaters
Day 28 – Favorite movie from your favorite director
Day 29 – A movie from your childhood
Day 30 – Your favorite movie of all time

*****

Jour 1 – Le meilleur film vu l'année dernière :  Zindagi Na Milegi Dobara, de Zoya Akhtar.
Certes, ce road movie ne révolutionne pas le genre (trois amis font le tour de l'Espagne avant le mariage de l'un d'entre eux), mais il est bien écrit, bien joué, et permet de passer deux heures et demi dans de magnifiques paysages espagnols. Ses points forts : des personnages creusés, interprétés avec beaucoup de subtilité par trois acteurs qui se complètent à merveille, et un rythme qui n'est pas celui d'une pure comédie – bien que les passage comiques soient vraiment drôles (Ah, Bagwati...) – mais laisse à l'émotion le temps de naître. Un bon film qui aurait pu être excellent si la musique avait été un peu plus soignée.



8.7.12

Trishna (2012)

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Trishna, issue d'une famille pauvre, travaille de temps à autre comme serveuse dans un hôtel. Jay, un riche touriste, la remarque, et lui offre un emploi plus stable à Jaipur, dans un des hôtels que possède son père. Une idylle se noue, et après quelques péripéties, Jay lui propose de partir avec lui à Bombay. Trishna accepte. Mais leur relation, qui ne réussit pas à effacer la différence de classe, se déséquilibre encore plus lorsque Jay reprend les commandes d'un hôtel, et embauche de nouveau Trishna comme employée. 

Trishna est librement adapté de Tess d'Urberville, transposé de nos jours, dans un Rajasthan décidément très photogénique. L'histoire est considérablement simplifiée, notamment en faisant disparaître un des deux hommes qu'a aimés Tess. Pas sûr que cette simplification ait été une bonne chose car cela affaiblit considérablement l'enjeu de l'aveu de Trishna à Jay : dans le livre, Tess hésite à avouer à Angel qu'elle a connu un autre homme avant lui, elle craint qu'Angel ne la quitte en l'apprenant ; ici, puisque les deux hommes ont été fusionnés, Michael Winterbottom a dû inventer un autre secret : Trishna a avorté d'un enfant qu'elle attendait de Jay, au début de leur liaison. Mais ce secret n'est pas utilisé comme ressort dramatique : on n'a pas l'impression que Trishna est prise dans un dilemme et hésite à le révéler, si bien que la partie à Bombay, qui aurait dû correspondre à l’apparition du deuxième homme de la vie de Tess si le film avait choisi de suivre le livre sur ce point, est la plus faible du film : trop longue, et sans enjeu. 

Ce défaut est d'ailleurs présent, quoique de façon moins marqué, dans l'ensemble du film : Trishna manque d'enjeu dramatique : tout est très joli, les paysages comme les acteurs, mais reste hélas surtout illustratif. Et Freida Pinto et Riz Ahmed, que j'ai pourtant apprécié dans Four Lions, n'arrivent malheureusement pas à donner de l'épaisseur à leur personnage. A noter une apparition de Roshan Seth (le Nehru du film Gandhi), qui se fait rare au cinéma depuis quelques années.


La musique est belle, trop belle presque : signée Shigeru Umebayashi, le compositeur de In The Mood For Love et de 2046, elle évoque irrésistiblement les films de Wong Kar-Wai. Une musique très ample, très dramatique, qui accompagnait à merveille les films du réalisateurs hongkongais, mais souligne par contraste la relative fadeur de Trishna. On entend également, et c'est toujours un plaisir, deux morceaux de Nusrat Fateh Ali Khan. Amit Trivedi signe les chansons originales, jolies mais sans plus.

Le compositeur indien fait d'ailleurs une apparition dans son propre rôle, aux cotés du réalisateur Anurag Kashyap et de l'actrice Kalki Koechlin. Le clin d’œil est sympathique, mais n'apporte pas grand chose au film.