20.10.07

Aaja Nachle -critique de la BOF par Jordan White


Ce blog a le plaisir d'accueillir un nouveau rédacteur invité en la personne de Jordan White, animateur actif du topic bollywood de dvdclassik. C'est la critique qu'il a publiée dans ce forum qui est reproduite ici.


"L'année dernière révélait au monde la BOF de Dor, composée par un duo répondant au nom de Salim-Suleiman (pour Salim et Suleiman Merchant). Merveille parmi les merveilles, cette bande originale entrait dans toutes les mémoires pour y rester ancrée.

Un an plus tard, à l'aune d'une fin d'année qui s'annonce particulièrement alléchante, les deux génies reviennent avec un second miracle composé de neuf titres. Ils illustrent ici le retour à l'écran de Madhuri Dixit, danseuse faramineuse, ayant eu une heure de gloire dans les années 90 puis en 2002 avec Devdas dans lequel Aishwarya Rai triomphait pour ensuite laisser le ciné de côté pour s'occuper de sa famille. Revoilà donc Madhuri qui invite tout le monde à danser.

Dense, ambitieuse, la BOF d' Aaja Nachle l'est. Les compositions se suivent et ne se ressemblent pas tout au long de quarante minutes intenses. Entre ballade extraordinairement subtile et ambiance punjabi. Entre reprise rêvée des Supremes dans l'esprit et remix techno. Les deux compères ont bien saisi l'essence de la danse ensorcelante de Madhuxi qui pratique cet art depuis son enfance et est devenue une des figures les plus respectées dans cette discipline qui demande rigueur voire perfectionnisme.
A peine la plage d'ouverture ouverte, "Aaja Nachle" que la pleine mesure de la Bof s'exprime d'abord par la douceur des tintements des bijoux puis par le roulement foudroyant des tablas qui emportent tout, instrument à vent et voix suprêmement mature de Sunidhi Chauhan dans ce qui s'apparente comme un de ses sommets vocaux avec "Beedi" ou "Iman Ka Asar". On tutoie déjà la grandeur d'un certain "Dhoom Taana" sur la BOF d'Om Shanti Om, frère musical presque jumeau par ses recherches mélodiques élaborées. Un "Aaja Nachle" qui va faire un carton, sans doute en rotation dans toutes les boutiques et sur les lèvres dans très peu de temps. Salim et Suleiman ne pouvaient pas mieux commencer. La force de la musique vient sans doute du fait ici d'avoir pris la crème de la chanson pour interpréter une musique si puissamment évocatrice. Et ce alors même que d'autres BOf bénéficiant du même prestige se sont plantées par paresse.

Curieusement "Ishq Hua" a été placé en deuxième plage. Etonnant car le morceau bien qu'excellent est un poil inférieur ne serait-ce que sur le plan vocal, bien que le pont soit très surprenant et agréable. Le ton plus léger presque pub ou clip pourra décontenancer dans un premier temps, enfin c'est surtout la voix de Sonu Nigam qui peut un peu gêner. Le morceau s'apprécie bien plus à la quatrième écoute, où ses variations prennent du sens et s'imposent comme des évidences. D'autant que le refrain est très beau car très éthéré grâce à sa flûte de pan (une des utilisations les plus modernes jamais entendues dont Salim-Suleiman se sont fait les spécialistes aujourd'hui).

A peine le temps de souffler, emporté par l'émotion, que "Show me your jalwa "vient d'entamer ses premières et phénoménales premières notes, tout en explosivité, tout en rythme, porté de bout en bout par les voix chaudes et entraînantes de Richa Sharma, Kailash Kher et Salim Merchant qui sont presque pour les deux premiers des découvertes pour moi mais pas pour la musique pop indienne contemporaine. Richa est connue pour avoir participé à des duos avec Sukhwinder Singh lui aussi présent sur le disque. En tout cas dès les premières paroles, c'est un vent de folie et de joie qui vient souffler, bien aidé par les voix littéralement subjugantes. Les trouvailles musicales sont encore une fois nombreuses : flow isolé féminin puis masculin puis en duo par intermittence, guitare acoustique mixée en avant, tablas en renforts, pont audacieux (avec synthé), etc.

Bien décidés à prouver que les cartouches sont loin d'être épuisées, les deux musiciens délivrent ensuite un "O Re Piya" qui rappellera forcément Dor avec "Yeh Onsla" ou encore "Imaan Ka Asar". Chanté en solo par Rahat Fateh Ali Khan, le morceau est simplement sublime. Ambiance sereine ou teintée d'une nostalgie selon les points de vue (certains pourront même y sentir du soufisme), mettant en avant une mélodie travaillée, ce morceau de 6'15 pose d'ores et déjà la clé de voûte, le point central d'une bande originale dédiée à l'originalité, à la chaleur, aux sons fourmillants de détails, portée par des voix toutes plus magnifiques les unes que les autres. Jamais répétitif, ce titre se renouvelle en permanence, avec un solo vocal étourdissant à trois minutes.

C'est le moment pour que "Soniye Mil Ja" résonne. Madhuri se prête volontiers à l'exercice du talk over, comme l'avaient fait auparavant Aamir Khan et Kajol dans Fanaa ou SRK dans Chak de India. Là encore une mélodie fine, facile à retenir, avec un sens aigu de la construction rythmique (boucle de tablas, percussions au coeur des arrangements), refrain qui fait immanquablement penser à "Lodi" de Veer-Zaara (les oh oh et ah ah vous y feront penser ;-) ).

Que peut encore nous réserver comme surprise cette BOF déjà formidable sur bien des points à ce niveau. Et bien pourquoi pas un petit "Is Pal" chanté par Sonu et Shreya deux des trois artistes avec Sunidhi les plus présents ici. Encore une fois difficile de ne pas applaudir une telle inventivité. Impossible de passer sous silence le mélodramatique et émotionnellement chargé "Koi Pattar se na maare" qui entretient encore une fois une gémellité surprenante avec Om shanti Om et la plage quatre en particulier de ce dernier.

La grosse surprise et probablement le morceau qui va le plus diviser est "Dance with me", beaucoup moins classique que les autres titres, très Dreamgirls dans l'âme. Certains vont penser que ça n'a rien à faire ici. Je dirais qu'il est stupéfiant de voir que le duo est encore capable de nous pondre un morceau pareil, presque hors-sujet par ses arrangements par rapport au reste du disque et pourtant en plein dedans, single à part entière, ovni dance qui va décontenancer mais qui me fascine. Ca aurait pu sortir sur la BOF de Dreamgirls c'est sûr.

Le remix final n'est que la cerise sur le gâteau.

Une BOF très variée (aucun morceau ne se ressemble, si ce n'est l'omniprésence des flûtes de pan). Si vous aimez les BOF qui s'articulent autour des tablas et des percus ça va être du bonheur. Je pense que j'aime un chouia plus celle d' Om Shanti Om pour son ambiance très marquée 70's, mais tout ça est en gestation. Sinon, vous avez de quoi faire avec une palette de sons, de couleurs et de parfums aussi riche. Qui peut aujourd'hui refuser une aussi belle invitation à la danse ?"






la musique peut être écoutée ici



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1 commentaire:

Anonyme a dit…

trop bien le film