13.8.12

Jours 22 & 23 - Mon film de réincarnation préféré (et quelques mots sur d'autres films de ce genre)

Les jours 22 et 23 auraient dû être consacrés à mon film documentaire préféré et à mon dessin animé préféré. Problème, je n'ai jamais vu de film d'animation indien, ni de documentaire. Ce n'est pas que l'Inde n'en produise pas, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'en regarder.
Me voici donc contrainte de transformer ces deux catégories en quelque chose de plus adapté. Je vais donc vous parler de mon film de réincarnation préféré. "Film de réincarnation" ? C'est un genre, ça ? Je soutiens que oui, bien que je ne sois pas sûre qu'il soit très représenté en dehors de l'Asie. 
Le principe : un ou plusieurs personnage importants meur(en)t, souvent assassiné(s), ou bien en laissant une mission à sa / leur future incarnation. Quelque temps après naît un beau bébé qui grandit et mène une vie heureuse, jusqu'au jour où il a la révélation de qui il était dans une vie antérieure, et entreprend d'accomplir la mission qui lui a été confiée ou de venger le crime qui lui a coûté la vie. Le récit se fait soit chronologiquement, soit au moyen d'un flashback. C'est en général le même acteur qui joue les différentes incarnation du personnage.

J'ai vu six films de réincarnation. Je ne m'attarderai pas sur Karan Arjun (1995), dans lequel les nouvelles incarnations de deux frères s'affrontent avant de se reconnaître et de s'unir contre leur ennemi commun. Je passe également rapidement sur Magadheera (2009), dans lequel on voit la réincarnation d'un guerrier finalement obtenir la main de la nouvelle incarnation de la princesse dont il était amoureux dans une vie antérieure, et affronter la réincarnation de son fourbe rival. Arundhati (2009), dans lequel l'âme d'une reine se réincarne dans sa petite-fille, chargée de combattre à son tour le sorcier sadique qu'elle avait temporairement mis hors d'état de nuire ne manque pas d'intérêt, mais ne figure pas parmi mes préférés (un peu trop gore à mon goût).

Karz (1980) fait en revanche parmi des films que je suis toujours contente de revoir. C'est un masala très divertissant, qui présente une légère originalité : Rishi Kapoor, la star du film, ne joue que la réincarnation du héros, c'est un acteur moins connu qui l'interprète dans sa première (et courte) vie. Autre originalité, c'est à travers un morceau de musique que le héros a la révélation de sa vie antérieure. Et le spectacle par lequel il tente de confondre l'assassin, copié mais pas égalé dans Om Shanti Om, est fantastique.

Madhumati (1958), réalisé par Bimal Roy sur un scénario de Ritwik Ghatak est également un film magnifique, qui rentre cependant mal dans le cadre que j'ai tenté d'établir. Les personnes réincarnées ne sont présents que dans le récit cadre, au tout début et à la toute fin du film. Dilip Kumar, obligé de s'abriter dans un palais déserté par une nuit d'orage, a très vite la révélation de sa vie antérieure en contemplant un tableau. Le flashback, mettant en scène le Dilip Kumar antérieur et Vyjayanthimala, occupe 90% du film. On y trouve bien un meurtre, mais Dilip Kumar 1 n'a plus rien à venger. Il sert essentiellement de médium par lequel est raconté l'histoire principale. Outre deux Dilip et trois (!) Vyjayanthimala, Madhumati présente aussi de splendides paysages de montagne, une très belle musique, une atmosphère gothico-bucolico-onirique (oui, tout ça) assez originale. L'histoire est prenante et poignante, et peut se lire comme une métaphore des rapports entre hindous et adivasis (Madhumati est la fille d'un "roi de la forêt" qui a perdu son pouvoir à l'arrivée des hindous qui exploitent désormais le bois), un sujet sur lequel Ritwik Ghatak avait réalisé un documentaire en 1955, The Life of the Adivasis. Bref, c'est un film que je recommande chaudement.
 


Et enfin, mon préféré, Om Shanti Om, qui emprunte très largement à Karz et à Madhumati. De Karz vient son côté masala (et son titre qui est celui d'une chanson de Karz), de Madhumati la mélancolie qui se dégage des dernières scènes. Le petit plus, c'est l'humour, très présent, et la bonne idée de l'avoir conçu comme un "film d'époque" dont la première partie se déroule dans les années 70, et d'avoir reconstitué en un pastiche minutieux décors, costumes et scènes de films de cette époque.


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