16.1.11

Naseeruddin Shah : une retrospective (partie 3)

(Vous pouvez lire les précédents épisodes ici et )

1986 : Karma, de Subhash Ghai


Le film : Vishwa Pratap Singh, un directeur de prison joué par Dilip Kumar, a la ferme conviction que certains criminels devraient avoir une chance de se réinsérer dans la société. Ce n'est pas le cas cependant de l'infâme docteur Dang, qui a juré de détruire l'Inde. Or Vishwa Pratap Singh aime beaucoup son pays : dès le générique il fait chanter aux détenus de sa prison une longue chanson patriotique. Lorsque sa famille est massacrée par les sbires de Dang, notre directeur engage trois condamnés à mort pour l'aider à le capturer, en échange de leur liberté. Et voici Dilip chargé d'entrainer Naseer, Jackie Shroff et Anil Kapoor.

Si l'on supporte cette légère overdose de grands sentiments nationalistes, le film vaut surtout pour l'aisance avec laquelle il balaie toute vraisemblance. Deux de nos trois zozos sont plus intéressés par les filles (Sridevi et Poonam Dhillon) que par leur mission, et tous font tellement de bourdes qu'on se demande comment ils arrivent à survivre jusqu'à l'attaque finale contre le fort de Dang.


Quoi de mieux que d'annoncer aux méchants qu'on va tous les tuer, alors qu'on est chez eux, et en théorie incognito ? (à partir de 4 min)


Mon passage préféré : Jackie et Anil veulent s'enfuir. Pour cela, Jackie décide de se déguiser. En ça :


Et Sridevi le prend vraiment pour un ours. Elle a un "double" rôle sympa Sridevi d'ailleurs.



Une scène qui transmet avec beaucoup de subtilité le message patriotique du film : Dilip dessine une carte de l'Inde en tirant autour du docteur Dang.


Le rôle de Naseer : En retrait par rapport à Anil et Jackie. Son personnage est plus sérieux, il n'a pas d'histoire d'amour mais vit dans le souvenir de sa fiancée assassinée par Dang.

A voir ou pas ? Attention, ce film peut endommager votre cerveau.

1987 : Ijaazat (La Permission), Gulzar


Le film : Un homme et une femme se retrouve par hasard dans la même gare. Autrefois ils étaient mari et femme. Lorsque Sudha (Rekha) a épousé Mahinder (Naseer), elle savait qu'il y avait auparavant une autre femme dans la vie de son mari. Mais Mahinder ne semblait pas décidé à couper les ponts avec Maya. Sudha est donc partie.
Je suis assez partagée sur ce film. D'un côté je trouve toutes les scènes dans la gare très bien faites (la gêne de ces retrouvailles inattendues, les souvenirs qui reviennent...), de l'autre je ne suis pas très convaincue par les séquences de flashback qui forment le cœur du film. En particulier le personnage de Maya est absolument horripilant.

Le rôle de Naseer : Rien de particulier à signaler.

A voir ou pas ? Pourquoi pas ?





1991 : Ek Ghar (Une Maison), Girish Kasaravalli (une version en kannada existe sous le nom de Mane)



Le film : Rajshekar (Naseer) et Geeta (Deepti Naval) emménagent dans une nouvelle maison. Ce n'est pas vraiment la demeure de leur rêves, mais le quartier semble correct, et ils espèrent avoir enfin un peu d'intimité. Problèmes : les locataires précédents ont laissé un gigantesque lit, qu'il est impossible de sortir de la maison. Et le réduit de tôle qui jouxtent leur maison se transforme rapidement en un atelier extrêmement bruyant de jour comme de nuit. Impossible dans ces conditions de se sentir chez soi. Rajshekar déclare donc la guerre à ces voisins indélicats.
La photographie est sombre, l'atmosphère cafardeuse, l'épuisement nerveux des personnages presque palpable : Ek Ghar rappellera de mauvais souvenirs à tous ceux qui ont déjà eu des voisins bruyants. Mais le film ne se limite pas à cet aspect (le plus réussi). Rajshekar n'arrive pas à se sentir chez lui dans cette maison : mais la situation n'est-elle pas encore pire pour Geeta, qui habite, après tout, chez son mari ? La question est posée à travers le personnage de la tante de Rajshekar, une femme divorcée qui vit en concubinage avec un officier de police. Elle a permis au couple d'obtenir ce logement, mais Rajshekar veut la tenir le plus éloigné possible de son épouse. Et les gens qui squattent si bruyamment le réduit de taule, Rajshekar a-t-il vraiment le droit de les priver de leur logement ?

Le rôle de Naseer : Un rôle complexe. Il interprète un personnage sûr de son bon droit qui va peu à peu devoir revoir ses certitudes.

A voir ou pas ? A voir

1992 : Chamatkar - voir ici

1998 : China Gate : Rajkumar Santoshi


Le film : Le colonel Puri (Om Puri) et ses hommes ont été renvoyés de l'armée pour désertion. Lorsqu'une jeune femme vient lui demander de combattre le bandit qui terrorise son village, il rappelle ses hommes (dont Naseer) pour aller rejouer les Sept Samouraïs. Ces anciens soldats, dont les plus jeunes ont la cinquantaine, vont devoir surmonter leurs antagonismes pour sauver les villageois. Aux côtés d'Amrish Puri, d'Om Puri et de Naseer, on retrouve absolument tous les seconds rôles du cinéma hindi de l'époque, dont Danny Denzongpa, Kulbhushan Kharbanda et Tinu Anand.
Le film en lui-même est loin d'être parfait, le plus gros problème étant que les personnages sont réduits à une seule caractéristique qui les définit. Mais les trois heures passées en compagnie de ce club des seniors du cinéma hindi ne sont pas désagréables !


Le rôle de Naseer : Sarfaraz Khan est un des personnages les plus importants du film, mais il aurait pu être plus développé (comme tous les autres d'ailleurs).

A voir ou pas ? Pourquoi pas ?

1999 : Sarfarosh, John Mathew Matthan
Attention aux méchants spoilers !

Le film : Aamir Khan enquête sur un trafic d'armes particulièrement bien organisé. Il fait également la connaissance d'un chanteur de ghazals pakistanais dont il a toujours admiré la musique, Gulfam Hassan (Naseer).
Un film vraiment bien mené, à l'image de l'impressionnante séquence d'ouverture qui suit le trajet d'une cargaison d'armes de sa vente à son utilisation lors du massacre d'une noce. Le scénario est très bien construit, et utilise pour une fois judicieusement les flashbacks.

Le rôle de Naseer : Un méchant qui a plus d'épaisseur qu'à l'ordinaire.

A voir ou pas ? A voir



Un dernier article, qui couvrira les années 2000, est en préparation.

2 commentaires:

yves a dit…

Hum... dommage pour Ijaazat, qui avait l'air si bien, comme ça sur le papier, et quand on écoute "Khali haath shaan aayee hai", d'une beauté à couper le souffle! Je crois avoir lu quelque part que avec Gulzar, il y a du plus et du moins, alors peut-être que là c'est entre-deux!
Enfin, je suis ravi de parcourir ces posts sur mon acteur indien préféré!
merci!

Adeline a dit…

Pas de quoi ! je me suis bien amusée à les écrire !
J'aime beaucoup Gulzar le parolier (Dil to bachcha hai ji, Chayya chayya, tujhse naraz nahin zindagi...presque à chaque fois que je tombe sous le charme des paroles d'une chanson, c'est lui qui l'a écrite),j'aime aussi certains de ses scenarii, et je trouve l'homme sympathique, mais pour l'instant je ne suis pas très convaincu par le réalisateur. Mais je n'ai vu qu'Ijazat et les dix-huit (?) épisodes de la série Mirza Ghalib. On dit beaucoup de bien de "Koshish", j'essaierai de le trouver un jour.