L'intrigue de Yahudi est inspirée de celle de l'opéra de Jacques Fromental Halévy La Juive, transposée de la Renaissance à
Par "il y a très longtemps", il faut comprendre à une époque où il y avait un empereur et des légionnaires. Difficile d'être plus précis, tant Bimal Roy et son scénariste se soucient peu d'exactitude historique.
Il est donc question d'un joailler juif, Ezra, dont le fils est condamné à mort pour une peccadille par le très cruel et très antisémite gouverneur Brutus. Pour se venger, le serviteur d'Ezra enlève la fille adorée de Brutus, qu'Ezra refuse de tuer et élève comme sa propre enfant, sous le nom d'Hanna, avant de devoir quitter la ville sur une chanson très dramatique interprétée par Mohammed Rafi et superbement mise en images,"Yeh duniya haaye hamari yeh duniya".
Quinze ans plus tard, Ezra, de retour à Rome, est de nouveau un prospère joailler, la ville, toujours gouvernée par Brutus, s'apprête à célébrer avec faste le mariage du prince Marcus (qui a les traits de Dilip Kumar) et de la princesse Octavia, et Hanna est devenue Meena Kumari.
Un jour Hanna secourt un Romain tombé de son char. Le prince, car c'était lui, n'a alors plus qu'un désir : revoir cette jeune femme dont il ignore le nom. Il se fait alors passer pour juif, retrouve la trace d'Hanna, et se fait engager comme apprenti par Ezra. Quelques jolis dialogues romantiques plus tard, voici nos deux tourtereaux prêts à se marier.
Mais Hanna ne va-t-elle pas finir par découvrir la véritable identité de Marcus ? Parviendront-ils à surmonter l'hostilité de leurs deux communautés ? L'ignoble Brutus, que l'on a un peu perdu de vue, ne tentera-t-il pas de faire son boulot de méchant et de briser leur bonheur ?
Il est donc question d'un joailler juif, Ezra, dont le fils est condamné à mort pour une peccadille par le très cruel et très antisémite gouverneur Brutus. Pour se venger, le serviteur d'Ezra enlève la fille adorée de Brutus, qu'Ezra refuse de tuer et élève comme sa propre enfant, sous le nom d'Hanna, avant de devoir quitter la ville sur une chanson très dramatique interprétée par Mohammed Rafi et superbement mise en images,"Yeh duniya haaye hamari yeh duniya".
Quinze ans plus tard, Ezra, de retour à Rome, est de nouveau un prospère joailler, la ville, toujours gouvernée par Brutus, s'apprête à célébrer avec faste le mariage du prince Marcus (qui a les traits de Dilip Kumar) et de la princesse Octavia, et Hanna est devenue Meena Kumari.
Un jour Hanna secourt un Romain tombé de son char. Le prince, car c'était lui, n'a alors plus qu'un désir : revoir cette jeune femme dont il ignore le nom. Il se fait alors passer pour juif, retrouve la trace d'Hanna, et se fait engager comme apprenti par Ezra. Quelques jolis dialogues romantiques plus tard, voici nos deux tourtereaux prêts à se marier.
Mais Hanna ne va-t-elle pas finir par découvrir la véritable identité de Marcus ? Parviendront-ils à surmonter l'hostilité de leurs deux communautés ? L'ignoble Brutus, que l'on a un peu perdu de vue, ne tentera-t-il pas de faire son boulot de méchant et de briser leur bonheur ?
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Il se trouve que j'ai passé une bonne partie de ma vie d'étudiante à étudier l'Antiquité gréco-romaine. Un péplum indien qui se passe à Rome, c'est une curiosité qui ne peut que m'intéresser. Comment donc un cinéaste indien - et pas n'importe lequel, Bimal Roy, connu pour son goût du naturalisme - allait-il s'approprier tout ce folklore du péplum ? Cependant, cet intérêt curieux est vite passé au second plan, tant les aventures d'Ezra, d'Hanna, de Marcus et d'Octavia se sont vite révélées plaisantes à suivre.
Yahudi est l'adaptation d'une pièce écrite en ourdou par Aga Hashr Kashmiri, Yahudi ki Ladki ("la fille du juif"), pièce très influencée, comme on l'a vu, par l'opéra de Halévy. Une adaptation cinématographique de cette pièce avait été déjà été réalisée en 1933 : l'histoire n'était donc sans doute pas aussi étrangère au public indien qu'on aurait pu le croire. Mais Yahudi puise aussi à d'autres sources : l'accident qui mène à la condamnation à mort du fils d'Ezra rappelle très fortement Ben-Hur. Le film de William Wyler étant postérieur, Bimal Roy a du s'inspirer soit du roman, soit du film de 1925. Certaines répliques et situations évoquent également Le Marchant de Venise. Bref, un mélange de nombreuses influences, qui se fondent finalement dans une dénonciation universelle des communautarismes.
L'origine théâtrale du film se révèle dans la mise en scène, dans les dialogues très écrits, mais aussi dans le jeu des acteurs (et ce n'est pas ici un reproche). L'excellent Sohrab Modi, qui interprète Ezra, jouait dans des pièces de théâtre parsies avant de devenir acteur de cinéma. Quant à Dilip Kumar, il n'a jamais l'air aussi à l'aise que quand il déclame de grandes tirades tragiques. Meena Kumari, en revanche, a pendant la plus grande partie du film un rôle plus léger qu'à l'ordinaire, et ce style de jeu lui va bien. Sa rivale, la princesse Octavia, est interprétée par par Nigar Sultana, qui retrouvera un personnage assez proche deux ans plus tard dans Mughal-e-Azam.
Yahudi est l'adaptation d'une pièce écrite en ourdou par Aga Hashr Kashmiri, Yahudi ki Ladki ("la fille du juif"), pièce très influencée, comme on l'a vu, par l'opéra de Halévy. Une adaptation cinématographique de cette pièce avait été déjà été réalisée en 1933 : l'histoire n'était donc sans doute pas aussi étrangère au public indien qu'on aurait pu le croire. Mais Yahudi puise aussi à d'autres sources : l'accident qui mène à la condamnation à mort du fils d'Ezra rappelle très fortement Ben-Hur. Le film de William Wyler étant postérieur, Bimal Roy a du s'inspirer soit du roman, soit du film de 1925. Certaines répliques et situations évoquent également Le Marchant de Venise. Bref, un mélange de nombreuses influences, qui se fondent finalement dans une dénonciation universelle des communautarismes.
L'origine théâtrale du film se révèle dans la mise en scène, dans les dialogues très écrits, mais aussi dans le jeu des acteurs (et ce n'est pas ici un reproche). L'excellent Sohrab Modi, qui interprète Ezra, jouait dans des pièces de théâtre parsies avant de devenir acteur de cinéma. Quant à Dilip Kumar, il n'a jamais l'air aussi à l'aise que quand il déclame de grandes tirades tragiques. Meena Kumari, en revanche, a pendant la plus grande partie du film un rôle plus léger qu'à l'ordinaire, et ce style de jeu lui va bien. Sa rivale, la princesse Octavia, est interprétée par par Nigar Sultana, qui retrouvera un personnage assez proche deux ans plus tard dans Mughal-e-Azam.
Et Bimal Roy dans tout ça ? Il se perd un peu dans un sujet assez éloigné de sa sensibilité. La fin du film, très mélodramatique, est loin de la délicatesse et de l'émotion toujours contenue de, par exemple, Sujata. Disparu aussi (mais comment aurait-il pu en être autrement ?) son souci d'ancrer ses personnages dans un cadre réaliste. Et pourtant, sa patte est bien visible, dans le soin apporté à la composition de l'image, dans les jeux d'ombres et de lumières. Je regrette d'autant plus de n'avoir pas d'images de meilleure qualité pour illustrer cet article. Vous vous ferez une meilleure idées du style visuel du film en regardant les illustrations de cette critique.
2 commentaires:
Oui, dis-donc, quel drôle de mélange! Et en fin de compte, qu'est-ce qui t'a le plus plu dans ce film?
J'ai bien aimé la musique et les acteurs. Dilip Kumar et Meena Kumari, je les connaissais déjà bien sûr, mais Sohrab Modi est pour moi une découverte, et il est grandiose. Et l'histoire est bien menée, on se laisse vraiment prendre dans le film.
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