2.9.06

Bollywood, Kollywood, etc.


Petit rappel pour les profanes sur ce genre encore trop mal connu en France :
  • L'Inde est le plus gros producteur de films du monde. A titre d'exemple, en 1996, l'Inde a produit 680 films*. Les productions indiennes sont diffusées dans le monde entier, et connaissent depuis longtemps un succès considérable au Maghreb et en Europe de l'Est . En Inde même (un milliard de spectateurs potentiels), les films américains ne représentent que 5% des films distribués.
  • Les films des studios de Bollywood sont tournés en hindi (en fait, on parle parfois d' "hinglish", tant les emprunts à l'anglais sont nombreux), mais le cinéma indien ne se limite pas, loin de là, à Bollywood : selon les Etats, on tourne des films en bengali, punjabi, malayalam, telugu, tamoul... Les studios de Chennai, dans le Tamil Nadu, ont une importance similaire à ceux de Bollywood. Toujours en 1996, 126 films ont été tournés en hindi, 165 en tamoul , et 169 en telugu ! La même année sont sortis des films tournés dans dix-neuf autres langues*.

    Les films indiens durent traditionnellement près de trois heures (pas de panique, il y a une entr'acte ; et les films récents tendent à être beaucoup moins longs), et la musique y joue une place prépondérante : un film comporte en général six chansons dont trois sont chorégraphiées. Ces morceaux musicaux, parfois assez lâchement reliés au reste du film, font partie des éléments qui peuvent surprendre le spectateur non averti.
  • Les stars - tels que Shah Rukh Khan, Amitabh Bachchan, Hrithik Roshan, Aishwarya Rai, Rani Mukherjee, Preity Zinta ou Kajol ; Rajnikanth, Vijay, Surya, Kamal Hassan, Jyothika - dans le cinéma tamoul, sont nombreuses, et ont des millions de fans. Leur jeu est traditionnellement assez différent de celui auquel le spectateur français est habitué. Les émotions sont plus nettement marquées, et la quantité de larmes versée au cours d'un film est souvent impressionnante! Cela s'explique en partie , dit-on, par la nécessité de faire comprendre l'histoire à des spectateurs ne parlant pas tous la langue dans lequel le film est tournée (la constitution indienne reconnaît vingt-deux langues), mais surtout, à mon avis, par les origines théâtrales du cinéma indien (qui expliquent aussi la présence de parties chantées). En bref une façon de faire des films et de les jouer assez dépaysante !
  • Enfin, j'ai eu tort de parler du cinéma de Bollywood comme d'un genre, puisque les studios indiens produisent des drames, des comédies, des films de guerre, d'action, de super-héros, d'horreur, des films mythologiques, des westerns... bref, tous les genres possibles et imaginables sont représentés !
  • Le cinéma indien évolue à toute vitesse. Les influences occidentales qui, ont toujours été présentes, notamment dans la musique, ce font de plus en plus sentir et reflètent une certaine conception de la modernité. Les passages chorégraphiés se raréfient dans les grosses productions, et des films d'auteur sans passages chantés arrivent désormais à se faire une place au box-office. La censure qui obligeait réalisateurs et scénaristes à beaucoup de subtilité est en recul : il n'est plus rare de voir des baisers à l'écran. En revanche, sur le plan politique, les films un peu audacieux sont certains de s'attirer les foudre de tel ou tel association ou parti et de se voir accuser d'insulter telle ou telle catégorie de population ou d'être en opposition avec les valeurs indiennes. Récemment Dasavathaaram a eu affaire à des groupes hindous pour son message sur la religion, Jodhaa Akbar a essuyé les vives critiques des Rajputs accusant le film de ne pas respecter la vérité historique et demandant son interdiction, et Aaja Nachle s'est vu interdire temporairement dans certains Etats, jusqu'à ce que le producteur accepte de couper deux vers d'une chanson jugés insultants par les Dalits.
* Yves Thoraval, Les Cinémas de l'Inde, p.478-479. Je ne dispose pas de chiffres plus récents.

2 commentaires:

Vive la rose et le lilas a dit…

Super intéressant pour les débutants ! :-)

Adeline a dit…

Merci, Vive la Rose et le Lilas!