Parce qu'il n'y a pas que Mani Ratnam au sud de l'Inde, quelques mots sur l'intéressant 16 Vayathinile de Bharathi Rajaa, qui réunit Sridevi, Kamal Hassan (acteur que j'aime énormément) et Rajnikanth (que j'ai un peu plus de mal à apprécier).
Mayil (Sridevi), 16 ans, vient de finir ses études et revient dans son petit village. Elle y retrouve sa mère, ainsi que Chappani (Kamal Hassan), un simple d'esprit qui sert d'homme à tout faire à celle-ci. Chappani n'a d'yeux que pour la jeune fille qu'il vénère et s'imagine être sa future épouse. Mais Mayil, qui a atteint un niveau d'instruction sans équivalent chez les femmes de son village, rêve d'un beau mariage avec un citadin éduqué, espèce cruellement sous-représentée dans son village. Tandis que les villageois, et en particulier Parattayan (Rajnikanth), raillent sa prétention, Mayil attend le prince charmant, qui finit par surgir en la personne d'un vétérinaire anglophone, dont les costumes élégants et les lunettes d'intellectuel séduisent immédiatement notre villageoise. Mais les intentions du vétérinaires sont loin d'être pures...
Le film vaut surtout pour l'extraordinaire performance de Kamal Hassan, toujours crédible dans un rôle difficile. Il ne surjoue jamais, et on sent que ça performance et le résultat d'un vrai travail, visible dans la démarche de son personnage, son élocution, son expression. Il faut dire que le scénario lui offre un rôle très bien construit et réaliste, à la différence par exemple de celui de Vikram dans Pithamagan. Le personnage évolue au cours du film, mais de façon mesurée et progressive, sans miracle. Kamal n'en fait jamais un bouffon, mais un homme extrêmement émouvant. Cet acteur de génie rend touchant le moindre geste, le moindre regard de Chappani.
Rajnikanth, qui n'apparaît que peu de temps à l'écran, livre également une bonne performance, dans un de ces rôles de méchant qui ont jalonné le début de sa carrière. Il glace vraiment le sang dans la peau d'un homme lubrique et violent. Sridevi avait alors 14 ans et déjà plusieurs dizaines de films à son actif. Elle livre une bonne composition, malheureusement un peu éclipsée par celle de Kamal. Elle a néanmoins un peu tendance à surjouer (les battements de paupières...). Elle arrive cependant à marier à l'espièglerie d'une toute jeune fille la gravité que nécessite le scénario, faisant là encore évoluer son personnage en douceur.
Rajnikanth, qui n'apparaît que peu de temps à l'écran, livre également une bonne performance, dans un de ces rôles de méchant qui ont jalonné le début de sa carrière. Il glace vraiment le sang dans la peau d'un homme lubrique et violent. Sridevi avait alors 14 ans et déjà plusieurs dizaines de films à son actif. Elle livre une bonne composition, malheureusement un peu éclipsée par celle de Kamal. Elle a néanmoins un peu tendance à surjouer (les battements de paupières...). Elle arrive cependant à marier à l'espièglerie d'une toute jeune fille la gravité que nécessite le scénario, faisant là encore évoluer son personnage en douceur.
Vous l'aurez compris, 16 Vayathinile bénéficie d'un bon scénario. Le film s'ouvre sur l'image de Mayil debout, les yeux baignés de larmes, au bord de la voie ferrée, puis débute un long flash-back qui ne s'achèvera qu'avec le générique de fin. En donnant quelques indices du dénouement sans le révéler entièrement le procédé renforce la noirceur de l'ensemble du film tout en préservant le suspens (je n'avais aucune idée de comment tout cela allait se finir jusqu'à la dernière minute). Cette fin, d'ailleurs, est peut-être un peu brusque, mais cette rapidité permet néanmoins d'éviter tout pathos superflu et s'accorde bien avec la dignité du personnage de Mayil telle qu'elle apparaît au début et à la fin du film.
Tout le film est marqué par un certain réalisme : l'atmosphère d'un petit village est bien rendue, avec ses querelles de voisinages, les hommes qui jouent aux cartes au pied de l'arbre et regardent passer les filles, ou encore à travers les menus travaux que pratique Chappani. Dans ce milieu rural le vétérinaire arrive comme un intrus, ce que souligne autant son langage que le contraste entre ses costumes et ceux des villageois. Il représente la ville, le lointain, et c'est ce qui séduit Mayil. Le réalisateur s'éloigne cependant par moments de ce réalisme pour oser quelques métaphores naïves (des oiseaux en liberté, une plante qui pousse ou qu'on écrase...) qui font un peu datées aujourd'hui.
Les chorégraphies sont fort simples et s'intègrent ainsi assez bien au récit. Je n'ai pas trouvé la musique d'Ilayaraja inoubliable, à l'exception d'une chanson qui scande le film et qui est pour le coup très belle :Tout le film est marqué par un certain réalisme : l'atmosphère d'un petit village est bien rendue, avec ses querelles de voisinages, les hommes qui jouent aux cartes au pied de l'arbre et regardent passer les filles, ou encore à travers les menus travaux que pratique Chappani. Dans ce milieu rural le vétérinaire arrive comme un intrus, ce que souligne autant son langage que le contraste entre ses costumes et ceux des villageois. Il représente la ville, le lointain, et c'est ce qui séduit Mayil. Le réalisateur s'éloigne cependant par moments de ce réalisme pour oser quelques métaphores naïves (des oiseaux en liberté, une plante qui pousse ou qu'on écrase...) qui font un peu datées aujourd'hui.
2 commentaires:
Merci pour cette critique A2line...Superbe drame, qui permet de découvrir à leur débuts un trio d'acteurs qui sont devenus par la suite des légendes du cinéma tamoul. Je suis assez fan du couple Kamal Hassan-Sridevi et si ça t'intéresse, je te conseille "Moondram Pirai" (1983) de Balu Mahendra.
PS: par contre, je crois comprendre que tu as moyennement apprécié Pithamagan (j'espère que tu en publieras une critique, ça m'intrigue lol)
merci pour le conseil, je cherche Moondram Pirai depuis quelque temps sans parvenir à mettre la main dessus.
Pour Pithamagan j''ai en effet été un peu déçue, je tâcherai d'en dire plus un de ces jours. Globalement j'ai eu l'impression que le mélange "film social/réaliste" et "gros masala bourrin" ne prenait pas très bien, alors qu'en général, pris séparément, j'aime bien ces deux types de films.
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