26.2.08

Pithamagan (2003) - tamoul

Chiththan (Vikram), orphelin élevé par le gardien d'un cimetière, grandit en incinérant les cadavres à ses côtés. Il se retrouve livré à lui-même à la mort de son père adoptif. Incapable de communiquer, violent, souffrant de plus de discriminations du fait de sa profession, il doit pourtant s'aventurer dans le village pour acheter à manger. Il y est pris en charge par Gomathi (Sangitha), petite dealeuse de cannabis. Sur sa recommandation, Chiththan trouve un travail dans son gang. En parallèle, on suit les aventures sentimentales de Sakthi (Surya), un petit arnaqueur, et de l'étudiante Manju (Laila). Lorsque Chiththan et Sakthi se retrouvent tous deux en prison, ce dernier se prend d'affection pour cet homme sauvage et rejeté, et décide de l'aider. Les deux hommes se lient peu à peu d'amitié.

ll faut tout d'abord souligner le louable soucis de réalisme dont fait preuve le réalisateur Bala. Naissance et mort sont dépeintes sans fard : le bébé Chiththan nous est montré tout sanguinolent, avec son cordon ombilical, les plans sur les cendres et les ossements humains sont légions. C'est assez dérangeant, on n'est pas habitué à voir cela en Europe. De même la culture du cannabis, et la société parallèle qui se développe autour d'elle sont décrites avec précision et nuances, d'une façon quasi documentaire.


Là où ça cloche, c'est que cette approche exigeante est combinée avec tous les ingrédients du masala classique, essentiellement scènes comiques et grosses bastons, et que ça passe mal. Le problème est surtout sensible en ce qui concerne le personnage de Chiththan. D'un côté Vikram construit sans concession un personnage dépourvu de tout sens des rapports humains, ignorant la morale la plus élémentaire ; visiblement il n'a pas cherché à faire naître chez le spectateur une piété facile pour Chiththan, en exploitant son handicap. Regard dans le vague, indifférent à ce qui l'entoure, son personnage est inabordable, impénétrable. Rien à redire sur le travail d'acteur (si ce n'est que j'ai été déconcentrée au début par la ressemblance frappante de Vikram avec Jean Reno). Ce qui m'a gênée c'est que Chiththan hérite du héos masala une force surhumaine, qu'il a l'occasion de prouver lors de longues bagarres filmées avec complaisance, et qui décrédibilise tout. D'habitude les combats over the top de certains films tamouls ne me dérange pas du tout, mais ici le problème vient de l'association des "super-pouvoirs" et du handicap : on a la désagréable impression de regarder une bête de foire, le mec qui sait pas parler mais éclate trois mafieux et autant de flics ripoux d'une seule main. Ces scènes, qui sont en plus extrêmement violentes, m'ont vraiment mise mal à l'aise.
Même problème de scénario en ce qui concerne Sakthi (en moins grave). Surya et ses beaux yeux livrent une performance intéressante, comique au début, puis plus sérieuse. Malheureusement les gags (les différentes arnaques qu'il invente) sont trop longs et un peu répétitifs (mais j'ai bien aimé les enchères d'objets ayant prétendument appartenus à des stars). Les rôles féminins sont nettement moins convaincants, Laila est falote et agaçante, Sangitha surjoue.

Du côté de la musique (Ilayaraja) et de la danse, c'est le grand vide, je n'ai retenu que le Medley avec Simran en guest star.




(d'ailleurs est-ce que quelqu'un connaît le titre de la première chanson reprise après la prière ? )


Le réalisateur a du talent, apparemment il a l'ambition de faire des films différents de ce qu'on voit habituellement, et pourtant, pendant les trois quarts du film (je mets la fin à part), on ne ressent aucune émotion, juste une vague gêne et du regret devant un si beau gâchis.


* * *

Je m'aperçois que je n'ai parlé que de deux films dont la musique est signée Ilayaraja, et que ,manque de chance, à chaque fois la BO était moyenne. Pour compenser un peu, et parce que ce sont de magnifiques compositions, quelques autres morceaux de ce grand compositeur.



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